CONF 29.10.2025

Journée d’étude : l’art byzantin et des chrétientés orientales (Paris, 2 dec 25)

Paris, Musée du Louvre, Centre Dominique-Vivant Denon, 02.12.2025

Julie Botte, Paris

Le département des Arts de Byzance et des chrétientés en Orient organise sa première journée d’étude des jeunes chercheurs et chercheuses dont l’objectif est de présenter et de valoriser le renouveau de la recherche dans le domaine de l’art byzantin et des chrétientés orientales. Mêlant études iconographiques, approches matérielles et typologiques, recherche de provenance et historiographie, cette journée montrera toute la diversité et le dynamisme de la recherche dans ces champs scientifiques.

Entrée gratuite sur inscription, réservation sur la billetterie en ligne louvre.fr

8h45 : Accueil café

9h10 : Mots d’accueil

9h15 : Mots d’introduction de Maximilien Durand , département des Arts de Byzance et des chrétientés en Orient, musée du Louvre

9h25 : 1ère session : Historiographies
Modératrice : Camille Chenais, département des Arts de Byzance et des chrétientés en Orient, musée du Louvre

9h30 : 1924-1954 : contexte, enjeux et conséquences de la naissance d'une « question byzantine » au musée du Louvre

Mathilde Bertholon, École du Louvre

Durant la première moitié du XXe siècle, des réflexions novatrices et fondamentales se mettent en place au regard de la légitimité et de l’intérêt des collections byzantines au musée du Louvre. Longtemps délaissé par le personnel scientifique et par le public, l’art byzantin se voit progressivement réhabilité au sein du musée. Ce phénomène, essentiellement propulsé par l’instauration, en 1924, des Congrès internationaux des études byzantines, se concrétise par l’ouverture, en 1954, de la section des Antiquités chrétiennes du Louvre. C’est au cours de ces trente années que s’élaborent pour Byzance un discours scientifique étayé et une gestion muséographique autonome, sous l’influence d’un contexte historique complexe, de la construction de la byzantinologie, et des grands bouleversements que traversent le Louvre et les politiques muséales en général.

9h50 : Les objets archéologiques égyptiens d’époques romaine et byzantine du musée du Quai Branly – Jacques Chirac : modalités d’enrichissement de la collection et enjeux de provenance

Sélène Grünenberger, Université Paris I-Panthéon-Sorbonne

Les objets archéologiques égyptiens d’époques romaine et byzantine conservés au musée du Quai Branly – Jacques Chirac y sont principalement entrés à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, selon différentes modalités faisant intervenir personnalités et institutions privées, publiques voire étatiques, et dans un contexte politico-juridique égyptien marqué par la domination occidentale. Cette intervention s’attachera à souligner les modalités d’enrichissement de la collection et s’intéressera aux enjeux de provenance qui lui sont associés, ainsi qu’à leurs répercussions contemporaines. Elle s’appuiera sur des données obtenues par l’investigation de plusieurs fonds d’archives et la consultation de publications anciennes et plus récentes.

10h10 : Collection, spoliation et circulation des icônes en France entre 1933 et 1945 : la place des collectionneurs juifs dans l’accueil esthétique de l’icône

Anne-Laure Linet, École du Louvre

Au début du XXe siècle, plusieurs familles juives installées en France collectionnent les icônes de tradition orthodoxes. L’avènement du nazisme en Europe met en danger ces familles collectionneuses dont les biens culturels sont spoliés. Leurs icônes se retrouvent alors au cœur de la circulation des biens orchestrée par les officiers nazis et par les collaborateurs du régime de Vichy. Malgré elles, ces familles juives participent alors à la diffusion et à la démocratisation de l’icône sur le territoire français. Progressivement, son image tend à se modifier : elle n’est plus seulement perçue comme un objet de culte, mais comme un objet d’art à part entière.

10h30 : Le marché de l'icône en France dans le contexte du conflit russo-ukrainien (2014-2025)

Bruna Sathler, École du Louvre

Que devient l’icône lorsqu’elle circule sur le marché français en temps de guerre ? Peut-on encore parler d’« icônes ukrainiennes » quand les provenances se brouillent et l’héritage des attributions « russes » persiste ? Fondée sur les ventes publiques et des données des douanes d’Ukraine, cette intervention révèlera un segment instable du marché de l’art, dominé par la revente et l’imaginaire « russe ». Elle propose avant tout les bases d’une méthodologie pour l’après-guerre : une boîte à outils pour lire, classer et suivre ces objets fragiles.

10h50 : Discussion et questions

11h10 : Pause-café

11h25 : 2e session : La fabrique des images

Modératrice : Florence Calament, département des Arts de Byzance et des chrétientés en Orient, musée du Louvre

11h30 : Égaux devant Dieu et devant la mort : étude des représentations féminines sur les sarcophages paléochrétiens

Carla Vernagut, Sorbonne-Université

Les sarcophages paléochrétiens constituent un terreau favorable aux représentations féminines, que ce soit à travers la présence de personnages bibliques ou par celle des défuntes. Leur diversité témoigne d’une volonté de placer hommes et femmes sur un pied d’égalité pour illustrer le salut : le message de la rédemption se veut universel. La symbolique des personnages et la portée de leur message prévalent sur leur sexe. Il y a ici une intention manifeste de représenter des personnages féminins : un choix iconographique assumé par les premiers arts chrétiens qui auraient pu, au contraire, les invisibiliser. L’iconographie funéraire rend ainsi possible une forme d’abolition des rapports de genre dans la mort.

11h50 : Les tissus égyptiens tardifs à décor bucolique

Marion Evrard, Sorbonne Université

Les textiles à décor bucolique étudiés sont datés d’entre le IVe et le VIIe siècle. Le répertoire bucolique, issu de la culture antique grecque et romaine, reste très apprécié durant l’Antiquité tardive. Les deux sources littéraires majeures de cette iconographie sont les Idylles de Théocrite et les Bucoliques de Virgile. Cependant, les topoi littéraires mis en image sur les textiles font aussi écho à d’autres œuvres d’auteurs antiques ou tardo-antiques. Les motifs employés par les tisserands égyptiens peuvent être archétypaux, combiner différents répertoires d’inspiration ou faire référence à des histoires précises. L’étude iconographique et technique de ces textiles rappelle que le vêtement est un marqueur social fort.

12h10 : Les coffrets d’ivoire à décor mythologique : les thèmes iconographiques profanes à l’époque médiobyzantine.

Alexia Barras, École du Louvre

Cette intervention s’intéresse aux coffrets en ivoire byzantins à décor profane produits entre le IXe et le XIIe siècle. Ces coffrets dits « à décor de rosettes » relèvent d’une production circonscrite à la dynastie macédonienne. Par une analyse iconographique et culturelle, elle interroge le choix des scènes représentées, l’identité des commanditaires et leurs liens avec l’humanisme macédonien, phénomène intellectuel caractéristique de cette période. Cette étude vise à identifier les sujets mythologiques représentés et à dégager des regroupements iconographiques des coffrets afin de mieux appréhender ces objets de luxe dans leur contexte culturel.

12h30 : Discussion et questions

12h50 : Pause déjeuner

14h30 : 3e session : L’image et sa diffusion

Modératrice : Magali Coudert, département des Arts de Byzance et des chrétientés en Orient, musée du Louvre

14h35 : Étude iconographique des eulogies syméonides (Syrie, VIe siècle)

Samuel Hivroz, Université Paris I-Panthéon-Sorbonne

Au cœur des rivalités entre moines monophysites du Massif Calcaire, et partisans de l’orthodoxie de l’Antiochène, la production d’eulogies, dans les sanctuaires pérégrins des deux Syméon stylites, s’impose comme un enjeu économique et dogmatique. L’iconographie développée par les moines du Mont Admirable s’inspire des images produites à Qal‘at Sim‘an dans une tentative d’absorption du premier Syméon. Cette étude propose de revenir sur cette iconographie, et offre des pistes d’attribution à l’un des deux stylites homonymes.

14h55 : Les représentations d’architecture dans les pavements des églises tardo-antiques du Levant
Guillemette Roelens, École du Louvre

Au sein des productions chrétiennes de l’Antiquité tardive, les églises levantines se distinguent par leurs riches pavements de mosaïque. Les programmes iconographiques donnent à voir le cosmos créé par Dieu et le territoire contemporain aux communautés chrétiennes de la région. Un motif à la valeur symbolique particulière apparaît comme une spécificité régionale, celui de l’architecture. Celui-ci est employé de manière quasiment exclusive dans les églises du Levant, entre le début du Ve siècle et le premier quart du VIIIe siècle. À la lumière de ces images d’architecture, on décèle les préoccupations des communautés chrétiennes ainsi que les phénomènes historiques, religieux et sociaux marquant la région entre la reconnaissance officielle du christianisme et son affaiblissement suite à la conquête arabo-musulmane.

15h15 : Production, diffusion et réception des « camées en verre » dans les espaces chrétiens au XIIIe siècle
Yaël Ripouteau, École du Louvre

Cette communication présente les enjeux principaux entourant les pâtes de verre – « camées en verre » – à décor chrétien dans l’espace méditerranéen du XIIIe siècle : en premier lieu leur variété, leur production sérielle et centralisée, ainsi que l’ambiguïté de leur statut. Ces éléments permettent d’émettre des hypothèses quant aux fonctions des pâtes de verre. Ces hypothèses sont confrontées, d’abord, aux données archéologiques, puis aux phénomènes de copie et de remploi des pâtes de verre. On s’intéresse ainsi à leur diffusion et leur réception dans les espaces d’obédience chrétienne, avant de conclure sur leur présence contemporaine dans les collections muséales.

15h35 : Discussion et questions

15h55 : Pause-café

16h10 : 4e session : L’objet en contexte

Modérateur : Étienne Blondeau, département des Arts de Byzance et des chrétientés en Orient, musée du Louvre

16h15 : Le corpus des panagiaria entre le Xe et le XVIIIe siècle : développement d’une typologie
Hortense Claeyssens, École du Louvre

Qu’ils adoptent la forme d’une patène ou d’un médaillon, les panagiaria sont utilisés lors d’un rite singulier : l’élévation de la panagia. Ces ustensiles liturgiques forment un corpus relativement homogène en raison de leur programme iconographique qui fait directement écho au rite. Toutefois, il est possible d’observer au sein de ce corpus un certain nombre de variations, notamment liées à la région ou à la période de création de l’objet. L’étude matérielle des panagiaria associée à l’étude des sources liturgiques permet d’envisager la manière dont le rite est apparu au Xe siècle et dont il s’est développé jusqu’au XVIIIe siècle, période qui semble marquer son déclin. Cette intervention est l’occasion de présenter un corpus constitué de 83 objets présents dans des collections d’institutions muséales ou religieuses.

16h35 : Suivre les fils d’Ariane de la culture matérielle arménienne : une étole du Catholicos Joseph Arghutian (1743-1801) au prisme de la microhistoire globale

Anahide Kasparian, Aix Marseille Université

Cette intervention portera sur un cas d'étude en histoire, mobilisant une étole produite en 1779 sur commande du Catholicos Joseph Arghutian. Il s’agira de réfléchir aux apports et difficultés du croisement des sources (dans notre cas les imprimés et les cartes) et de l’historiographie à travers ses différents courants (microhistoire simple et globale, biographie d'objets). L’étole constitue un point d’entrée dans un XVIIIe siècle marqué par le polycentrisme confessionnel et ecclésiastique, que nous pourrons par ailleurs proposer d’entrevoir par une synthèse à plus large échelle des textiles liturgiques arméniens de la période et de leurs inscriptions.

16h55 : Étude de la matérialité des icônes peintes des collections françaises, à partir de celles traitées par le C2RMF

Cylia Slamani, École du Louvre

Journée d’étude des jeunes chercheuses et chercheurs dans le domaine de l’art byzantin et des chrétientés orientales.

Cette intervention présentera les résultats d’une recherche consacrée à la matérialité des icônes peintes conservées dans les collections françaises. L’étude repose sur les rapports d’étude, de laboratoire et de synthèse produits par le C2RMF (base EROS). L’analyse des supports, préparations, couche picturale et dorures a permis de mieux comprendre les techniques de fabrication et les altérations d’un corpus de cinquante icônes, d’origines et de périodes variées. Ce travail met en évidence la contribution du C2RMF à l’étude des icônes, mais aussi les limites documentaires et la nécessité d’outils de synthèse pour enrichir la connaissance de ce patrimoine

17h15 : Discussions et questions

17h35 : Mots de conclusion de Maximilien Durand, département des Arts de Byzance et des chrétientés en Orient, musée du Louvre

17h50 : Fin de la journée

Informations pratiques
Entrée gratuite sur inscription, réservation sur la billetterie en ligne louvre.fr
2 décembre 2025
Centre Dominique-Vivant Denon, musée du Louvre (entrée Porte des Arts)

Quellennachweis:
CONF: Journée d’étude : l’art byzantin et des chrétientés orientales (Paris, 2 dec 25). In: ArtHist.net, 29.10.2025. Letzter Zugriff 30.10.2025. <https://arthist.net/archive/51018>.

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