CFP Sep 26, 2023

Festival de l'histoire de l'art 2024: Le sport (Fontainebleau, 31 May-2 Jun 24)

Fontainebleau, France, May 31–Jun 2, 2024
Deadline: Oct 29, 2023

Festival de l'histoire de l'art

Interroger les liens entre art et sport du point de vue de l’histoire de l’art permet aussi d’historiciser le sport à travers sa pratique même. Les gestes des sculptures antiques, l’exhumation de terrains de jeu de balles aztèques, les gravures des traités d’escrime ou encore les expérimentations chronophotographiques d’Étienne-Jules Marey ou d’Eadweard Muybridge ont, parmi bien d’autres sources archéologiques et visuelles, rendu possible une histoire du geste et de la pratique sportive (FENECH KROKE 2018), au point parfois de participer à la renaissance de certains sports disparus[2].

Comme le sport, l’art engage une pratique du corps différente de la pratique quotidienne. Étudier les corps sportifs selon le point de vue et les méthodes de l’histoire de l’art invite à s’intéresser aux préoccupations sociales, politiques, d’identité ou de genre qu’ils ont matérialisées et que les images ont fixées. Ces corps ont aussi bien pu être identifiés comme des corps à-part qu’être érigés en corps modèles, bouleversant ainsi « la définition des canons et des codes de l’apparence au sein des représentations » (CERMAN, LAUGÉE, GORGUET BALLESTEROS, MAILLET 2021). Pensons à la popularité des tournois de sumô au Japon dans le dernier quart du XVIIIe siècle qui suscita la création d’un nouveau genre d’estampes, celui des sumotori, où le corps des lutteurs était représenté en plein combat ou en portrait en pieds. Parfois, à l’inverse, les images de corps performants, le plus souvent masculins et, pour les pays occidentaux, nourries d’un héritage classique, ont aussi pu exercer une forme d’agentivité sur les corps réels (LAUGEE 2021). Et si la presse a pu qualifier certaines sportives et sportifs d’artistes, les corps sportifs peuvent aussi être ceux des artistes. Outre la notion de performance commune aux deux domaines et qui devra être questionnée autant par l’implication physique qu’elle requiert que par sa fugacité, certains artistes ont fait du sport un ethos autant – et parfois plus – qu’un sujet. Caillebotte navigateur, Klein judoka (KLEIN 2006 [1954]), Picasso boxeur, le sport permet de façonner le corps, le regard et parfois même la méthode de l’artiste. Comme le sportif, et sans doute depuis plus longtemps, l’artiste est également soumis à la compétition : concours, jugement, médailles, prix, autant de termes communs à ces deux domaines au point qu’entre 1912 et 1948 se sont tenues pendant les Jeux Olympiques des épreuves de peinture, sculpture, littérature, musique et architecture récompensées par des médailles d’or, d’argent et de bronze.

Si le sport et l’art engagent une pratique du corps différente de la pratique quotidienne, il en va de même pour la pratique de l’espace. Stades, gymnases, hippodromes, mais aussi places public, trottoirs, terrains-vagues : l’histoire de l’architecture et plus largement de l’urbanisme ou de l’aménagement urbain questionne les lieux du sport mais également les lieux interstitiels où le sport s’immisce. La pratique sportive peut être régulée, pour les sportifs comme pour les spectateurs, par les lieux eux-mêmes mais, à la manière de la pratique artistique, elle peut aussi investir les espaces, se les approprier, les reconfigurer, voire en révéler les formes [3]. Ces lieux de sport peuvent aussi devenir patrimoine. Le Colisée et le Cirque Maxime ne sont-ils pas des incontournables de tout bon voyage à Rome ? Plus proche, le 14 rue de Trévise à Paris abrite la plus ancienne salle de basketball du monde (1893), conçue par l’architecte Emile Bénard, aujourd’hui classée aux monuments historiques et où le son des ballons ne résonne plus que rarement.

Les relations entre l’art et le sport, entre les arts et les sports, entre les artistes et les sportifs ouvrent donc de multiples champs d’études aux historiennes et historiens de l’art. Mais que dire alors de notre corps ? Le festival sera aussi le lieu pour questionner les rapports que les historiennes et historiens de l’art peuvent entretenir avec la pratique sportive dans leur vie quotidienne mais aussi dans leur activité scientifique. En 2011, Jean-Marc Huitorel titrait son ouvrage L’art est un sport de combat (HUITOREL 2011). Quel sport alors pour l’histoire de l’art ? Le billard (CLAASS 2021) ? La boxe ? Un sport collectif ou individuel ? Un sport fait de passes en arrière ou de grands dégagements vers l’avant ? Voici autant de questions à l’apparence iconoclastes qui animeront les allées du festival cette année.

MODALITÉS DES INTERVENTIONS
Les interventions du festival de l’histoire de l’art adoptent des formats variés, avec une priorité donnée à des interventions traduisant la recherche en histoire de l’art sous une forme vivante et destinée à un large public.

Conférence : 1 participant, entre 20 ou 30 minutes maximum
Dialogue : 2 participants, entre 40 et 50 minutes maximum
Table ronde : jusqu’à 3 participants plus 1 modérateur, durée 1h30 maximum
N.B. : Chaque intervention est suivie d’un échange avec le public.

DÉPÔT ET SÉLECTION DES PROPOSITIONS
Sont encouragées à candidater étudiantes et étudiants en master et doctorat, chercheuses et chercheurs, professionnelles et professionnels.

Les candidatures peuvent être envoyées jusqu’au 29 octobre 2023 inclus (avant minuit) via le formulaire dédié:
https://www.festivaldelhistoiredelart.fr/appel-a-contribution-sport/

Un lien n’est pas attendu entre le thème du FHA et le pays invité (le Mexique), ce dernier ne faisant pas l’objet d’un appel à communication.

Les propositions de communication doivent impérativement être rédigées en français et se présenter sous la forme suivante :

Titre du projet (80 signes maximum, espaces compris)
Un résumé (600 signes maximum, espaces compris)
Une présentation plus longue (3500 signes maximum, espaces compris)
Un CV
N.B. : Dans le cas des dialogues et des tables rondes, le porteur ou la porteuse du projet doit se désigner clairement dans la proposition d’intervention. Les propositions incomplètes ne seront pas examinées.

L’examen des propositions sera réalisé par l’équipe du festival de l’histoire de l’art accompagné d’un jury issu du comité scientifique du festival de l’histoire de l’art, présidé par Madame Laurence Bertrand Dorléac.

Reference:
CFP: Festival de l'histoire de l'art 2024: Le sport (Fontainebleau, 31 May-2 Jun 24). In: ArtHist.net, Sep 26, 2023 (accessed May 9, 2025), <https://arthist.net/archive/40168>.

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