CFP 08.11.2003

Le portrait individuel (Paris, 6-7 Feb 04)

Dominic Olariu

APPEL A COMMUNICATION

"LE PORTRAIT INDIVIDUEL : REFLEXIONS AUTOUR D'UNE FORME DE REPRESENTATION DU
XIIIe AU XVe SIECLE"

Colloque international à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, Paris
6/7 février 2004
amphithéâtre de l'Ecole de hautes études en science sociales
105, boulevard Raspail
75006 Paris

Sous les auspices de l'Ecole des hautes études en sciences sociales

et avec le soutien
du Centre allemand d'histoire de l'art, Paris
et de la Fondation Maison des sciences de l'homme, Paris

Dans le cadre du colloque, nous cherchons doctorants ou postdocs qui
souhaiteraient intervenir oralement. Les interventions devront être en
langue française ou allemande et seront limitées à 35 minutes. Chaque
intervention sera suivie d'un débat avec l'auditoire.

Les propositions d'intervention, d'une longueur maximale de deux pages,
doivent nous parvenir au plus tard le 25 novembre 2003 à l'adresse
électronique suivante :

olariudominicaol.com

Le comité scientifique fera connaître son avis aux auteurs des propositions
au plus tard début décembre 2003.

INTRODUCTION AU THEME

Au Moyen Âge, une très intime conscience du corps humain, d'une part, et de
l'homme en tant que dépendant de son corps organique, d'autre part, fut
développée. Le corps humain devient de plus en plus le support de mises en
scène dans lesquelles il occupe une place majeure. Il fait également l'objet
d'une attention de plus en plus soulignée dans différentes pratiques
religieuses. Il est ainsi l'expression d'un ordre symbolique, autour duquel
se cristallisent d'essentielles questions anthropologiques et morales aussi
bien que des réflexions portant sur la théorie de la perception. De la
sorte, le corps humain au Moyen Âge se situe dans un contexte général de la
" représentation ". En se proposant d'étudier les représentations du corps
humain à la période évoquée, le colloque souhaiterait avant tout porter son
attention sur les corrélations et interdépendances entre le corps et ses
images. Il voudrait éclairer les champs sémantiques que les concepts du
corps occupent à cette époque. Ce n'est toutefois ni de la compétence ni
dans l'objectif premier du colloque de réunir un nombre aussi important que
possible de concepts du corps et de discours sur le corps. Il ne s'agit pas
non plus de cerner le corps par des " framings ", comme l'expriment
Kay/Rubin (1994), ou de le détailler dans des " mappings ", comme l'écrivent
Biddick (1993) et Sarasin (1999). Il s'agit davantage d'une tentative de
mettre à jour des rapports possibles entre le corps et ses représentations à
une période donnée. Le point de départ d'une telle démarche est le constat,
que les différents " corps médiévaux " sont soumis à une réévaluation au
sein des champs sémantiques qu'ils occupent et que, par ailleurs, de tout "
nouveaux corps " sont constitués. De ce fait, les axes référentiels entre
corps et images sont susceptibles d'un glissement considérable. Pour le
Moyen Âge chrétien, la liaison sémantique entre corps et image tire son
origine du Christ, devenu Image de Dieu en acceptant la chair humaine (i.e.
un corps). Certains moments essentiels d'importance eschatologique, nous en
voulons pour exemple la résurrection corporelle du Christ et la
stigmatisation de saint François d'Assise, " vraie image du Christ ", sont
de véritables " images produites sur le corps " ou " des images produites
par le corps ". D'un point de vue conceptuel, l'image et le corps sont
susceptibles d'être mutuellement rapprochés au Moyen Âge. La variation
sémantique des rapports entre le corps et ses images est attestée par des
réflexions très diverses à l'égard du corps. Les représentations
contemporaines de l'homme ne sont que l'expression, en images, de ces
pensées. Voici quelques exemples : l'Angleterre du XIVe siècle voit
apparaître l'effigie comme une copie réaliste du corps du roi, afin de
substituer ce dernier jusqu'à l'élection de son successeur. Lorsque se
manifeste - merveille spectaculaire - dans la chair stigmatisée du
franciscain la présence divine, son corps est considéré comme une image d'un
ordre tout nouveau. C'est également le corps qui devient l'objet de
discussions portant sur les images, p. ex. lorsque le thème de la " vision
béatifique " est intimement lié à la condition physique de l'être humain. Le
colloque s'intéresse surtout à des problèmes ayant été traités jusqu'à
présent sous une autre lumière. En se référant régulièrement aux mêmes
notions (corps et image), les exemples cités indiquent clairement
l'existence d'ensembles de questions, certes très variées, mais toutes
menant dans la même direction : Quels discours du corps, quelles éventuelles
contradictions furent formulées et thématisées dans les images ? À quels
concepts du corps les représentations se référèrent-elles et de quelles
façons certains corps purent devenir des images ?

THEME DU COLLOQUE

La représentation de l'homme fait l'objet d'un grand changement entre les
XIIIe et XVe siècle. " Portraiture is the depiction of an individual in his
own character ", propose John Pope-Hennessy en 1963, en se référant aux
portraits depuis le XVe siècle. Mais en désaccord avec ce point de vue,
fréquemment rencontré, des représentations ressemblantes et individuelles
existent en Italie dès la fin du XIIIe siècle et elles n'expriment pas
forcément le caractère d'un individu : certaines statues funéraires de cette
époque illustrent bien la fidélité de ressemblance que les représentations
humaines peuvent déjà atteindre. Ces statues, étaient-elles déjà des
portraits ou seulement des prototypes ? Le point de vue de Pope-Hennessy
devrait-il être reconsidéré ? Certes, une définition univoque du terme, à
travers les pays et les cultures, n'existe probablement pas. Ce ne sera
d'ailleurs pas non plus un objectif du colloque d'en formuler une. Il est
néanmoins possible d'attirer l'attention sur le fait que la valeur
sémantique de " similitude " semble être contenue dans le terme " portrait "
depuis son apparition au XIIe siècle. Ceci justifierait donc la proposition,
suggérée par le colloque, de considérer les représentations individuelles de
l'homme, à l'époque en question, comme des portraits ressemblants. Par
ailleurs, certaines pratiques de l'époque indiquent que la figuration
individuelle, qu'elle soit définie comme portrait ou non, existe déjà et que
la ressemblance y joue un rôle primordial. Il suffit de prendre pour exemple
la liturgie funéraire. Les dépouilles des hauts dignitaires, exposées pour
leur vénération sur le catafalque, sont minutieusement reproduites par leurs
statues funéraires, souvent jusque dans les moindres détails. Peut-on voir
là une tentative de transfert, sur leurs substituts en pierre, des fonctions
sociales des corps exposés ? La raison d'être de ces représentations semble
d'ailleurs tenir précisément à l'extrême dignité des personnes représentées,
dignité théologiquement justifiée et liée à l'émergence d'une nouvelle
conception de l'homme à la fin du XIIIe siècle : l'homme en tant qu'image de
Dieu, imago Dei, implique des réflexions très complexes sur les rapports
entre image et original, copie et modèle, imitant et imité. Dans cette
perspective, la ressemblance acquiert une signification toute spécifique.
Dans quelle mesure le portrait est-il vraiment le substitut de son modèle et
dans quelle mesure dépasse-t-il son modèle, en exprimant davantage qu'une
pure similitude ? Au XIIIe siècle par exemple, le portrait individuel peut
représenter, grâce à sa ressemblance même au modèle, la proximité de cette
personne à Dieu. Il peut ainsi devenir un type de représentation susceptible
d'être instrumentalisé à diverses fins. Le colloque tentera d'analyser les
fonctions politiques, religieuses, ou sociales, ayant pu conduire à la
genèse des portraits individuels. Dans ce cadre, des contributions sur la
problématique de la " similitude " enrichiraient considérablement le débat,
quand bien même le sujet serait abordé sous un angle non médiéviste.

LISTE DES CONFERENCIERS AYANT DONNE LEUR ACCORD DE PARTICIPATION :

Monsieur Hans Belting
Staatliche Hochschule für Gestaltung, Karlsruhe
Sujet encore a préciser

Monsieur Enrico Castelnuovo
Scuola Normale Superiore, Pise
" Les portraits individuels de Giotto "

Madame Danièle Cohn
École des hautes études en science sociales, Paris
" Une analyse de la ressemblance "

Monsieur Jean-Luc Nancy
Université Marc Bloch, Strasbourg
" Le portrait de la personne divine "

Monsieur Agostino Paravicini Bagliani
Université de Lausanne
" Les portraits de Boniface VIII "

Monsieur Norbert Schneider
Université Fridericiana, Karlsruhe
" Les portraits individuels du XVe siècle et leur rapports aux portraits
romains "

Monsieur Gerhard Wolf
Institut allemand d'histoire de l'art à Florence
" Les portraits chez Dante "

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Dominic Olariu
Ecole des hautes études en sciences sociales, Paris
propositions d'intervention : olariudominicaol.com

Quellennachweis:
CFP: Le portrait individuel (Paris, 6-7 Feb 04). In: ArtHist.net, 08.11.2003. Letzter Zugriff 10.02.2025. <https://arthist.net/archive/26009>.

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