[Editorial note:
We received this message from Annamaria Ducci in Paris, asking us to post an
article by "Le Monde" on Le Pen's understanding of cultural politics. In
general, the H-Net does not support the posting of articles taken from
newspapers and other media, but since the electronic archives of
www.lemonde.fr give free access only for a limited time, we submit an
extract of this interesting article here.]
Dear H-ArtHist readers,
as an art historian living in France, I'm very interested in the future of
the culture of the country, related to the political situation. I find this
article presented by "Le Monde", april 24th, very important. Le Pen's
cultural policy is obsolete and also very dangerous for all of us [...]. I
think it would be important for all art historians to know the monstruous
ideas of this "political party" [...]. Moreover, reading this article,
observations about their "art theory" may be made.
Thank you for your appreciable work,
Annamaria Ducci
Institut National d'Histoire de l'Art
Paris
LE MONDE | 24.04.02:
Jean-Marie Le Pen, contre l'art "officiel" et "stalinien"
Dans son "Programme pour gouverner", le Front national (FN) aborde les
questions artistiques par un "constat" : "Dans le carré diabolique de la
destruction de la France menée par les politiciens de l'Etablissement, après
l'extinction biologique (la dénatalité française), la submersion migratoire
(l'immigration de peuplement), la disparition de la Nation
(l'euromondialisme), le quatrième côté est celui du génocide culturel."
Après quatre décennies de "culture Malraux", la civilisation française
serait "systématiquement détruite". Si Jack Lang est critiqué - les colonnes
de Daniel Buren au Palais-Royal de Paris sont particulièrement honnies -, le
président de la République n'est pas épargné : "La tocade chiraquienne pour
les "arts premiers" participe de cette culture branchée dont le néant n'a
d'égal que la logorrhée qui la promotionne (sic)." La France vivrait
aujourd'hui "sous un art officiel", non figuratif, qui ferait la part belle
notamment à César, Arman, Soulages. "Les musées font l'objet d'une
orientation à caractère totalitaire." Le Mémorial de Caen (centré sur
l'histoire de la seconde guerre mondiale) est considéré comme le plus
"caricatural".
Plusieurs grands maires RPR sont aussi accusés de céder à la culture
"officielle" : Jacques Chaban-Delmas avait créé un Musée d'art contemporain
à Bordeaux ; Philippe Seguin a acquis des ouvres de Buren et de César à
Epinal. Le parti de Jean-Marie Le Pen défend, au contraire, le"beau" et le
"vrai" : "Nous savons que la France est riche d'une civilisation
exceptionnelle qui a mêlé, pour le meilleur, la Nature et la Grâce : il nous
suffit d'être fidèles à cet héritage."
UN MINISTÈRE DES BEAUX-ARTS
Au chapitre des propositions, Bernard Antony, chargé de la culture au Front
national, plaide pour la suppression du ministère de la culture, remplacé
par un ministère des beaux-arts. Président du groupe FN du conseil régional
Midi-Pyrénées, ce catholique traditionaliste, dont l'association Alliance
générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française
(Agrif) avait tenté de faire interdire le film de Martin Scorsese La
Dernière Tentation du Christ, puis réussi à faire condamner pour "propos
antichrétiens" la revue Hard rock magazine, estime que "la France vit une
époque nazie ou stalinienne du point de vue de l'art, une continuation d'un
système qui a conduit à des millions de morts en Chine".
Le programme du FN prévoit de réserver les subventions publiques "aux
créations artistiques qui respectent notre identité nationale comme les
valeurs de notre civilisation". Les financements de fonds ou
d'établissements "inutiles" seraient supprimés. Bernard Antony cite, parmi
ces derniers, les fonds régionaux d'art contemporain. "Il faut aider la
création artistique, à condition qu'elle corresponde au goût du public", ajo
ute-t-il. [...]
"LA FIN DU SECTARISME"
Dans le domaine du spectacle vivant, le programme de gouvernement du FN
vise, là encore, "la fin du sectarisme". Conscient du rôle stratégique que
joue le Festival d'Avignon dans la vie théâtrale française, il dénonce sa
programmation. "La caution de "bonne tenue intellectuelle" est
invariablement assurée par les staliniens, les tenants de l'absurde et les
nihilistes de service, tels Brecht, Kafka ou Beckett. (...) On ne peut se
satisfaire d'un théâtre qui, sur le plan moral et politique, ne se préoccupe
que de racisme, de colonialisme (Aimé Césaire), de nazisme (Thomas
Bernhard), de fascisme (Antonio Tabucchi)."
[...] La promotion de "toutes les bonnes musiques"figure dans ce document,
notamment l'apprentissage du chant choral, "musique de l'âme, selon saint
François d'Assise", et l'opérette. En revanche, "rap et techno, qui ne sont
pas des expressions musicales, seront évidemment privés de tout soutien
public". Le système de l'avance sur recettes pour le cinéma devrait être
réformé.
Jusqu'à présent, presque aucun artiste français n'a soutenu le FN, "mais si
les choses changent en politique, les artistes changeront de position",
estime Bernard Antony. "Les votes pour Le Pen viennent bien de quelque part
: des artistes et des intellectuels aussi votent pour lui", assure-t-il.
Catherine Bédarida
Article paru dans l'édition du 25.04.02 © Le Monde 2002
Quellennachweis:
ANN: Le Pen's Cultural Policy. In: ArtHist.net, 02.05.2002. Letzter Zugriff 30.12.2024. <https://arthist.net/archive/25043>.