CFP 18.12.2017

Architecture de la catastrophe (Versailles, 8–9 Jun 18 / Montreal, 22–23 Oct 18)

Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Versailles et Faculté de l’aménagement, École d’architecture, Université de Montréal (Canada)
Eingabeschluss : 11.02.2018

Annalisa Viati Navone

"Architecture de la catastrophe. Lieux et rituels de l’utopie et de la dystopie"

L'ENSA Versailles et la Faculté de l'amènagement, École d’architecture, Université de Montréal (Canada) organisent un colloque en deux rencontres (Versailles, 8-9 juin 2018; Montréal, 22-23 octobre 2018) consacré au thème "Architecture de la catastrophe. Lieux et rituels de l’utopie et de la dystopie".

Les propositions de communication ne devront pas excéder 500 mots. Elles seront rédigées en anglais ou en français. Elles indiqueront la rencontre visée (Versailles/Montréal) et seront accompagnées d’une courte biographie de l’auteur. Elles sont à adresser avant le 11 février 2018 à l’adresse mail suivante : leavversailles.archi.fr


Fruit d’une collaboration internationale entre deux laboratoires de recherche d’écoles d’architecture en France et au Canada, la question portée par ces rencontres interroge la réponse spatiale – et esthétique – à des problèmes posés par des situations d’urgence, d’impermanence, de mobilité et d’insécurité d’hier et d’aujourd’hui. Face aux phénomènes catastrophiques (selon la définition donnée par René Thom) on observe, à travers l’histoire des établissements humains, la mise en place de dispositifs de résilience et de résistance qui débordent l’efficacité technique et dont il faut essayer de dégager la dimension symbolique et son impact sur l’imaginaire collectif.

La réaction à des situations chaotiques a engendré des réponses de natures très différentes. D’un côté, face à des situations de désordre politique, à chaque situation particulière, la civilisation a répondu en créant de nouveaux ordres spatiaux et temporels qui se présentent comme des structures mentales et visuelles agissant comme antidotes. Nous pourrions citer les conditions politiques dans lesquelles est né le texte « Utopie » de Thomas More, à un moment ou Henri VIII faisait raser les monastères, ou encore l’émergence des ordres monastiques qui organisaient le temps dans un territoire en proie, au Ve et VIe siècles, à une incertitude qui voyait les structures politiques et administratives romaines s’effondrer.

Pareillement, l’espace rationnel de la Renaissance qui émerge en pleines guerres de pouvoir entre des villes-États au XVe siècle forme-t-il l’embryon de la cité moderne. Plus récemment, l’esthétique futuriste a essayé de déconstruire la ville traditionnelle et de s’attaquer au « goût » bourgeois en s’appuyant sur une esthétique disruptive intégrant bruit et mécanique. Et que penser d’un Le Corbusier achevant de détruire Paris, après la Grande Guerre, dans son plan Voisin en la géométrisant à l’extrême ; idée qui reviendra chez les architectes rationalistes italiens, avant et après la Seconde Guerre mondiale, avec l’emploi de la grille architecturale. Ou enfin, de la sur-géométrisation de l’architecture des années 1950 qui va se dissoudre dans les expériences utopiques des années 1960 et 1970, celles-ci visant à constituer des environnements protecteurs (mythe de la déconnexion, du retour à la campagne, expérience spatiale amniotique) dans une société de la transparence et du spectacle (Guy Debord).

Mais on pourrait aussi évoquer la constitution, à la fin des années 1960, de communautés se retrouvant dans le désert du Nouveau-Mexique pour inaugurer la première mise en application consciente du programme énoncé dans In the Outlaw Area (c’est l’époque où les États-Unis connaissent un mouvement d’exode des villes par des jeunes décidés à rejoindre des lieux dépeuplés, sauvages et qui répètent une tradition transcendantale). Ou encore, le prolongement aujourd’hui de cette posture existentielle en posture évènementielle : les rassemblements du festival « Burning Man », qui transforment le non-lieu, le désert, parangon de la tabula rasa, en happening (nouvelle mythologie), ou pour la France les évènements /engagements organisés par l’association Bellastock par exemple.

Nous voulons interroger les utopies/dystopies qui ont essayé de répondre de façon construite et structurée au désordre, au chaos, aux situations de conflit, en engageant, paradoxalement, une esthétique disruptive de la catastrophe. Aujourd’hui, la question que l’on peut se poser est : face à l’accélération des phénomènes urbains et des rythmes de vie, face à la multiplication des lieux de connexion qui dédoublent virtuellement la ville et qui fragmentent les temporalités – dans lesquels espace et temps sont en suspens (Elie During) –, face enfin aux risques encourus par les populations concentrées dans des territoires toujours plus restreints, comment visualiser, anticiper, scénariser l’environnement idéal dont les qualités attendues sont : préserver d’un côté la liberté de mouvement et d’action de chacun et, simultanément, assurer son besoin de protection, d’identification et d’inscription dans une nouvelle narration collective qu’elle soit stable et/ou évènementielle?


Deux rencontres

I.)
Plusieurs questions seront abordées lors des deux rencontres organisées au cours de l’année 2018 à Paris et Montréal. Nous invitons les chercheurs à travailler sur des thématiques différentes à chaque rencontre afin de faire ressortir des dominantes, des tensions constitutives, voire des invariants. Il s’agit bien de comprendre comment l’architecture se pense et se conçoit « face à la catastrophe » et non pas en réponse à la catastrophe.

La première rencontre, sur deux journées à l’École nationale supérieure d’architecture de Versailles, se concentrera sur les dispositifs territoriaux mis en place par l’homme au travers de l’histoire pour affronter les phénomènes catastrophiques, chaotiques, entropiques qui nécessitent la mise en place de systèmes de représentation de type nouveau.

Dans ce premier volet de recherche on s’intéressera aux dimensions esthétique, fonctionnelle, structurelle de dispositifs architecturaux développés dans le temps : des produits vernaculaires, des « architectures sans architecte », des happenings, aux produits développés par des professionnels (designers, architectes, artistes éventuellement) et promus par des entités publiques et éventuellement élaborés dans le cadre de concours d’architecture (et qui ont abouti parfois à la mise au point de brevets).

Thématiques
Catastrophes environnementales :
- Changements climatiques et esthétiques environnementales.
- Exploitation des ressources et établissements humains / post-humains.
- Désastres naturels et abris temporaires.
Mutations économiques :
- Villes et grandes structures post-industrielles (abandon et réhabilitation).
Catastrophes culturelles :
- Destruction / reconstruction d’édifices patrimoniaux et non patrimoniaux.

II.)
La deuxième rencontre, sur deux journées qui se tiendra à l’Université de Montréal, interrogera les utopies/ dystopies qui ont essayé de répondre au désordre, au chaos, aux situations de conflit, en les rejouant dans une esthétique disruptive de la catastrophe. Nous pensons aux nouveaux enclos hétérotopiques, aux lieux protégés dans lesquels une population fragilisée ou nantie se retranche et que l’on pourra mettre en relation avec d’autres lieux et situations protecteurs qui se sont développés dans l’histoire de l’Occident. Questionnant le XXe siècle, on s’intéressera aux productions qui ont constitué des « refuges » face aux bouleversements du monde environnemental, ou à la marche forcée de la modernité : la Ville Analogue d’Aldo Rossi au XXe siècle, ou les Cities at the Edge of de World que Lyonel Feininger réalisées pendant la guerre pour ses enfants, par exemple. Face à l’a-topie indistincte et au danger permanent, l’homme, en situation d’impuissance ; on interrogera la manière dont l’architecture exprime son besoin de construire une rhétorique protectrice pour instituer un environnement fait de rituels partagés.

Thématiques
Récits, rituels et catastrophe :
- L’imaginaire catastrophique dans l’histoire.
- Récits apocalyptiques et formes symboliques (Carnaval, Fêtes urbaines, Villes spontanées, etc.).
- Nouvelles pratiques de l’espace face à désertification urbaine ou suburbaine.
Mutations sociales et nouvelles pratiques :
- Questions du genre ou de l’identité dans leurs relations aux processus et édifications.
- Changements majeurs de paradigmes et obsolescence des pratiques et des représentations.
Catastrophes humaines / sociales :
- Architecture des nouvelles enclaves (prisons, quartiers sécurisés).
- Architecture amniotique, protective.
- Architecture médicale et corps prosthétiques (ou corps reconstruit).


Calendrier prévisionnel

- 11 février 2018 : Réception des propositions de communications.
- 17 mars 2018 : Sélection des communications et annonce aux intervenants.
- 8 et 9 juin 2018 : Première rencontre à l’ENSA-Versailles (France).
- 22 et 23 octobre 2018 : Deuxième rencontre à l’Université de Montréal (Canada).


Lieux du colloque

- ENSA Versailles, 5, avenue de Sceaux, 78000 Versailles, France.
- Faculté de l’aménagement, École d’architecture, Université de Montréal, 2940, Chemin de la Côte-Sainte-Catherine, Montréal, QC H3C 3J7 (Canada).


Comité scientifique

- Paolo Amaldi, architecte praticien, docteur en architecture de l’université de Genève, professeur d’Histoire et cultures architecturales à l’École nationale supérieure d’architecture de Versailles, chercheur au LéaV.
- Pierre Boudon, professeur émérite à l’Université de Montréal dans le domaine des sciences de la communication, directeur de recherche associé au Lalicc (Paris, Sorbonne), ainsi qu’au LEAP de l’Université de Montréal.
- Catherine Bruant, architecte, sociologue, directrice de recherche à l’École nationale supérieure d’architecture de Versailles, directrice du laboratoire de recherche (LéaV).
- Pierre Caye, philosophe et directeur de recherche au CNRS, directeur de l’UPR 76.
- Jean-Pierre Chupin, architecte, professeur à l’Université de Montréal, co-directeur du laboratoire d’étude de l’architecture potentielle (LEAP) et titulaire de la chaire de recherche sur les concours et les pratiques contemporaines en architecture.
- Carmela Cucuzzella, professeure associée au département de Design et d’arts numériques et titulaire de la chaire de recherche en Design intégré, écologie et durabilité pour l’environnement à l’Université Concordia.
- Antoine Picon, ingénieur, architecte et historien, directeur de recherche à l’École des Ponts Paris Tech (LATTS), professeur à Harvard.
- Philippe Potié, architecte, docteur en histoire de l’art et des civilisations, professeur d’Histoire et cultures architecturales à l’École nationale supérieure d’architecture de Versailles, chercheur au LéaV.
- Annalisa Viati Navone, architecte, docteur de l’Institut d’architecture de l’Université de Genève, professeure d’Histoire et cultures architecturales à l’ÉNSA-V, chercheur au LéaV et au sein de l’Archivio del Moderno (Accademia di architettura – Université de la Suisse italienne).


Comité d’organisation

- Paolo Amaldi, LéaV/ÉNSA-V ;
- Jean-Pierre Chupin, LEAP/Université de Montréal ;
- Carmela Cucuzzella, LEAP/Université de Montréal ;
- Susanne Stacher, architecte et critique d’architecture, docteur en architecture, enseignante en architecture à l’ÉNSA-V, chercheur au LéaV.


Secrétariat scientifique (pour toute demande d’informations)

- Murielle Gigandet, assistante ingénieur de recherche, LéaV/ÉNSA-V | murielle.gigandetversailles.archi.fr
assistée de :
- Alexandre Jaculewicz, doctorant, LéaV/ÉNSA-V
- Alexandra Paré, doctorante, LEAP/Université de Montréal parealexandrahotmail.com

Quellennachweis:
CFP: Architecture de la catastrophe (Versailles, 8–9 Jun 18 / Montreal, 22–23 Oct 18). In: ArtHist.net, 18.12.2017. Letzter Zugriff 28.03.2024. <https://arthist.net/archive/17008>.

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