CFP 04.05.2017

How the concept affects the work (Paris, 14 Oct 17)

INHA, Paris
Eingabeschluss : 25.06.2017

Emeline Jaret, Paris

Appel à communication : « Ce que fait le concept à l’œuvre » 
Journée d’études Marges n° 27, 14 octobre 2017
Paris, INHA, 2 rue Vivienne

Date de retour des propositions : 25 juin 2017

Rejetant l’idée d’un art qui serait conceptuel, Gérard Genette affirme, dans L’Œuvre de l’art, qu’il n’y a que des œuvres conceptuelles, puisque « l’état conceptuel » est présent hypothétiquement au sein de chaque œuvre et se vérifie au « coup par coup, œuvre par œuvre, et selon une relation fluctuante entre l’intention de l’artiste et l’attention du public, ou plutôt du récepteur individuel » (Genette ; 1994).

La formule « art conceptuel » désigne communément le groupe restreint d’artistes new-yorkais travaillant à partir des années 1960 autour de Seth Siegelaub et sa définition met habituellement en avant le primat du concept sur la forme et l’art comme objet de l’art. Elle a pu être appliquée cependant, par les commentateurs des décennies suivantes, à d’autres groupes artistiques, aires géographiques et périodes chronologiques. Cet élargissement a eu pour conséquence de diluer la formule initiale. Une telle évolution affecte la réception traditionnelle des œuvres d’art, allant même jusqu’à ce que Luis Camnitzer nomme « conceptualisme » et qui comprend « des œuvres et des pratiques qui, réduisant radicalement le rôle de l’objet d’art, ré-imaginent ses possibilités vis-à-vis des réalités sociales, politiques et économiques dont il est issu » (Camnitzer ; 1999). Les termes « concept » et « conceptuel » ont ainsi pu être utilisés pour désigner diverses pratiques : le refus des médiums traditionnels, la dématérialisation de l’objet d’art,  le décloisonnement des disciplines, l’attachement à des œuvres processuelles ou performatives, la mise en exergue du contexte d’exposition ou du caractère relationnel de l’œuvre, etc. Dès lors, la dimension conceptuelle de l’œuvre est à considérer dans une définition plus générale et touche aussi à d’autres pratiques et domaines que les arts visuels. On assiste ainsi à une « autonomisation de l’état conceptuel » de l’œuvre (Schaeffer ; 1996), qui dépendrait également de son contexte de réception.
Déplaçant l’attention de l’objet à l’acte et de l’acte à l’idée, les œuvres conceptuelles, qu’elles relèvent de champs artistiques aussi différents que la littérature, la musique ou encore les arts visuels, ont constitué et constituent encore le lieu d’une interrogation due notamment à l’indétermination du « régime » conceptuel. Cette indétermination crée la possibilité d’une réception ouverte et multiple, non nécessairement conforme à l’intention de l’artiste et issue d’une attention, de la part du spectateur, plus ou moins adéquate, relevant d’un regard collectif ou individuel. C’est dans ce sens que nous comprenons la formule de Genette évoquant une « relation fluctuante », la réception des œuvres conceptuelles allant des processus d’adaptation (création des espaces spécifiques pour l’exposition, l’édition, la performance musicale, etc., ainsi que de nouvelles catégories classificatoires) aux rapports conflictuels (les évaluations négatives, les incompréhensions des acteurs sociaux, les débats, etc.). Ce sont toutes ces possibilités que nous souhaitons interroger à travers l’analyse de ce que le concept fait à l’œuvre. Les œuvres dites conceptuelles renvoient à un large éventail de situations que l’on peut observer au sein des multiples champs de la création jusqu’aux pratiques artistiques les plus contemporaines.

Que fait le concept à l’œuvre ? De quelle manière l’« autonomisation » ou le primat du concept au détriment des propriétés perceptives immédiates de l’œuvre affectent, modifient ou questionnent sa réception ? Comment concevoir cette « relation fluctuante », qui ouvre la réflexion sur une considération plus générale des œuvres, qu’elles se revendiquent ou non, comme conceptuelles ? En ce sens, le 27e numéro de la revue Marges aimerait interroger la notion de « concept » et ses dérivés, non pas en partant uniquement du point de vue défendu par les artistes mais en se concentrant sur la réception des œuvres dites conceptuelles ; cela, en laissant la place à un questionnement interdisciplinaire (arts visuels, design graphique, musique, littérature, linguistique, sociologie de l’art, philosophie de l’art, esthétique, etc.).

Axes de recherche

La journée d’études se concentrant sur la période contemporaine, les propositions qui recouperont les axes proposés ci-dessous seront privilégiées :
- Les usages artistiques et les définitions de la notion « concept » et de ses dérivés, à travers les disciplines ;
- L’extension indéfinie du « conceptuel » dans la création contemporaine (arts visuels, littérature, musique, etc.) ;
- L’inadéquation, la critique ou le rejet de certaines œuvres conceptuelles ; l’écart ou la concordance dans la réception des œuvres ;
- Les modalités de légitimation des pratiques conceptuelles proposées par les artistes, écrivains, musiciens, etc. ; les instances de consécration des œuvres « conceptuelles » ;
- L’intégration et l’exclusion de certains artistes dans le canon de l’art conceptuel ; l’histoire de l’art et la critique d’art face à l’art conceptuel ;
- La genèse des pratiques conceptuelles comme nouveaux champs artistiques et leur institutionnalisation ; leur postérité dans l’art contemporain ;
- La création des réseaux, l’institutionnalisation des arts conceptuels et son intégration sur le marché de l’art ;
- L’adaptation des institutions, des pairs, du public, etc., pour des œuvres qui, en raison des modifications qu’elles imposent aux cadres traditionnels, nécessitent un accueil spécifique.

Modalités

Les propositions devront nous parvenir avant le 25 juin 2017, sous la forme d’une problématique résumée (5000 signes maximum, espaces compris), adressée par courriel à Émeline Jaret (emeline.jaretgmail.com) et à Umut Ungan (umut.unganehess.fr). Les textes sélectionnés (en double aveugle) feront l’objet d’une journée d’études à Paris, à l’INHA, le 14 octobre 2017. Le texte des propositions retenues devra nous parvenir le 7 octobre 2017 (30.000 à 40.000 signes, espaces et notes compris). Certaines de ces contributions seront retenues pour la publication du numéro 27 de Marges en octobre 2018, aux Presses Universitaires de Vincennes.


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Call for Papers: “How the concept affects the work” 
Conference Marges n° 27, October, 14th

Deadline: June, 25

Rejecting the idea of conceptual art, Gérard Genette affirms in The Work of Art that there are only conceptual works, since “the conceptual state” is hypothetically present in every work, and is verified, “case by case, work by work, and according to a fluctuating relation between the artist’s intention and the public’s attention, or rather by individual reception” (Genette; 1994).

The term “conceptual art” refers to the group of New York artists assembled around Seth Siegelaub beginning in the 1960s, and is usually defined as emphasizing concept over both form and art as art object. However, commentators of the following decades have also applied the term to other groups of artists, geographical spaces, and chronological periods. This expansion has had the effect of diluting its initial formulation. This development affects and seeks to modify the traditional reception of works of art, even extending in what Luis Camnitzer names “conceptualism,” to include, “works and practices which, in radically reducing the role of the art object, reimagined its possibilities vis-à-vis the social, political, and economic realities within which it was being made” (Camnitzer; 1999). The terms “concept” and “conceptual” have been used to designate diverse practices: the refusal of traditional mediums, the dematerialization of the art object, the decompartmentalizing of disciplines and practices, the interest in processual or performative works, the foregrounding of the context of the exhibition and the relational nature of the work, etc. A great portion of contemporary art practices continue to explore these orientations, and claim to be, in one way or another, “conceptual”. From then on, the conceptual dimension of the work is considered in a more general sense and also extends to practices and domains other than visual art. We have thus witnessed an “autonomization of the conceptual state” of the work, which also depends on the context of its reception (Schaeffer; 1996).
Displacing attention from the object to the act and from the act to the idea, conceptual works originate in fields as diverse as literature, music, or visual art. Such works constitute a site of interrogation due to the indeterminate nature of the conceptual “regime”. This indeterminacy creates the possibility of open and multiple receptions, which need not conform to the intention of the artist, but results rather from the spectator’s (more or less adequate) attention. Genette’s remarks on a “fluctuating relation” are to be taken in this sense: the reception of conceptual works stretching from processes of adaptation (the creation of specific spaces for exhibition, publishing, musical performance, as well as new categories of classification) to conflictual relations (negative reviews, the incomprehension of social actors, debates, etc.). It is all of these possibilities that we wish to interrogate by analyzing how the concept affects the work. Indeed, works designated as conceptual refer to a broad spectrum of situations observable within multiple fields of creation, up to and including the most contemporary artistic practices.

How does the concept affect the work? In what ways does the “autonomization”, or the primacy of the concept over against the immediately perceivable properties of the work, affect, modify, or question its reception? How does this “fluctuating relation” open up a more general consideration of works, whether or not they claim themselves to be conceptual? The 27th issue of the journal Marges will interrogate the notion of “concept” and its derivations, not only from the point of view of artists, but also by concentrating on the reception of works identified as conceptual. This interrogation will also leave room for interdisciplinary questioning (visual arts, graphic design, music, literature, linguistics, sociology of art, philosophy of art, aesthetics, etc.)

Areas of Inquiry

As our one-day conference will concentrate on the contemporary period, we will give preference to propositions centering on the following themes:
- Artistic uses and definitions of the notion “concept” and its derivations across the disciplines;
- The indeterminate extension of the “conceptual” within contemporary creation (visual arts, literature, music, etc.);
- The inadequacy, critique, or rejection of certain conceptual works; the discrepancy or agreement in the reception of works;
- The modalities of legitimization of conceptual practices proposed by artists, writers, musicians, etc.; mechanisms of consecration of “conceptual” works;
- The genesis of conceptual practices as new artistic fields and their institutionalization; the posterity of these practices in contemporary art;
- The creation of networks, the institutionalization of conceptual arts, and their integration within the art market;
- Adaptations made by institutions, peers, the public, etc., for works that, because of the modifications that they impose on traditional frameworks, necessitate a specific reception.

Modalities

Proposals must be submitted before June 25, 2017 (5,000 signs maximum, spaces included), by email to Émeline Jaret (emeline.jaretgmail.com) and Umut Ungan (umut.unganehess.fr). Texts selected (double blind) will be included in the conference at INHA in Paris on October 14, 2017. Texts must be submitted by October 7, 2017 (30,000 - 40,000 signs, spaces and notes included). The proposals and papers can be submitted in English during the panel; but the author must provide his/her paper for publication in French. Certain of these contributions will be published in the 27th issue of Marges in October 2018 by Presses Universitaires de Vincennes.

Quellennachweis:
CFP: How the concept affects the work (Paris, 14 Oct 17). In: ArtHist.net, 04.05.2017. Letzter Zugriff 26.04.2024. <https://arthist.net/archive/15431>.

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