[French version below]
James Turrell’s environments with their colourful auras, Dan Flavin’s minimalist sculptures with their fluorescent tubes, Jenny Holzer’s messages on their illuminated displays—all of these pioneering artists of the second half of the twentieth century were noted for their use of light. A few decades later, light, for contemporary artists, seems to have evolved from represented subject into raw material. Of course, it may be stretching the meaning of the term “material” to use it for a physical phenomenon described in terms of waves or flows of particles. Whether the light emanates from a flame—what Gaston Bachelard (1961) called “living light”—or an electric bulb, it allows the eye to see without itself being visible. Associated in the Western imagination with goodness, truth, and knowledge, it can, however, blind us and produce deceptive illusions. It is also associated with magic and enchantment.
The development of light-emitting diodes (LEDs) in the 1990s democratized access to lighting devices that could generate striking and changing effects. LEDs transformed the nocturnal landscapes of cities: thousands of monuments and architectural icons were bathed in illumination and interactive lighting animated public places. The artist Ryoji Ikeda has fully appropriated this spectacular language for his series Spectra (2000–ongoing); in various world capitals, he presents outdoor interventions composed of dozens of powerful spotlights whose white beams point toward the firmament. Conversely, when Fiona Annis installed Safe Light (la lampe inactinique) (2024) on the façade of the Fondation Guido Molinari in Montréal, she opted for discretion. From the oculus above the building’s main entrance, a single bulb disseminated an amber glow respectful of the vicinity and paying subtle homage to night workers.
In 2016, according to The New World Atlas of Artificial Night Sky Brightness, light pollution affected the living environments of 83 percent of the world population. It is a significant environmental issue, as are the conditions under which energy is produced to feed the sources of artificial lighting. In Ludovic Boney and Caroline Monnet’s installation Hydro (2019), suspended above mirror panels were 180 bulbs whose intensity fluctuated in response to a soundtrack: a recording of a speech given in 1992 by the Grand Chief of the Cree Nation (Eeyou Istchee), Matthew Coon Come. He was expressing his opposition to the Great Whale hydroelectric project in northern Québec that threatened to destroy huge stretches of land. His words, audible at first, were gradually translated into Morse code then blurred by static that evoked the noise of electrical transformers. The warning contained in his message was nevertheless clear and strong, as the visual and auditory pace of the work provoked anxiety related to the environmental costs of the infrastructure that enabled it to operate.
Other artists make use of natural light. Karilee Fuglem’s delicate in situ installations flirt with the invisible. The one that she produced during a residency at Galerie Pierre-François Ouellette art contemporain in 2018 became visible only in contact with sunbeams and changed appearance from hour to hour. As air movements gently swayed fine threads, transparent polyester, and other translucent materials, Fuglem’s interventions generated shimmering effects and shadow plays on the surfaces around them. They enlivened the space with understated gestures that testified to her keen attention to the light of day.
This thematic section will be about light, natural or artificial, and its mobilization within sculptural, urban, performative, or scenographic works. What mysterious power enables light to both reveal and blur our perception of space and time? How does it come into play to shape ambiences, situations, and environments? In what ways is it linked to shadow and opacity? Often associated with security, how does it fit into different surveillance and law-enforcement regimes? It also bears the potential for playfulness; how does it help to generate enchantment, surprise, or amusement? Although, as Jonathan Crary pointed out in 24/7 (2013), the development of natural-gas and electric lighting was part of the capitalist project to extend hours of production, what relationship does light retain with the creation of value? And how can we use it responsibly in a context of climate crisis and biodiversity decline? These questions may be explored through research on recent works in which light plays an important role.
If you wish to contribute to this thematic issue, co-edited by Josianne Poirier, please send an email to the magazine’s co-executive and editorial director (gcortoespaceartactuel.com) before November 3, 2025, with a short proposal (250 words). We will inform you quickly if your proposal is chosen. Your complete essay must not be more than 2,000 words, footnotes not included, and be submitted before January 8, 2026. The honorarium is CA$65 per page (250 words).
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L’aura colorée des environnements de James Turrell, les tubes fluorescents des sculptures minimalistes de Dan Flavin, les messages diffusés sur des écrans publicitaires de Jenny Holzer, autant de travaux pionniers de la deuxième moitié du XXe siècle en regard de leur usage de la lumière. Quelques décennies plus tard, quelle place occupe la lumière dans l'art actuel? Non pas en tant que sujet de représentation, mais comme matière première des œuvres. Bien sûr, parler de matière n'est pas tout à fait adéquat pour désigner ce phénomène physique qui peut être expliqué tout autant comme une onde qu’un flux de particules. Que la lumière émane d’une flamme – ce que Gaston Bachelard (1961) appelle une lumière vivante – ou d’une lampe électrique, elle permet à l’œil de voir sans être elle-même visible. Associée dans l’imaginaire occidental au bien, à la vérité et à la connaissance, elle peut pourtant aveugler et produire des illusions trompeuses. Elle entretient ainsi des liens avec la magie et l’enchantement.
Le perfectionnement des diodes électroluminescentes (DEL), dans les années 1990, a démocratisé l’accès à des dispositifs d’éclairages pouvant générer des effets saisissants et changeants. Cela se ressent particulièrement dans le paysage nocturne des villes, où se multiplient les mises en valeur de monuments et d’icônes architecturales, en plus des dispositifs lumineux interactifs chargés d’animer les espaces publics. Un artiste comme Ryoji Ikeda fait sien ce langage spectaculaire lorsqu’il présente dans différentes capitales du monde les interventions en plein air de la série Spectra (2000 – en cours), composées de dizaines de puissants projecteurs dont les faisceaux blancs pointent vers le firmament. À l’inverse, quand Fiona Annis installe Safe Light (la lampe inactinique) (2024) sur la façade de la Fondation Guido Molinari, elle opte pour la discrétion. Depuis l’oculus qui surplombe l’entrée principale du lieu, une ampoule seule diffuse une lueur ambrée respectueuse du voisinage et rend un hommage subtil aux travailleur·euse·s de la nuit.
En 2016, selon The new world atlas of artificial night sky brightness, la pollution lumineuse affectait les milieux de vie de 83% de la population mondiale. Un enjeu environnemental qui n’est pas des moindres, tout comme celui des conditions de production de l’énergie nécessaire pour alimenter les sources d’éclairage artificiel. Dans l’installation Hydro (2019), de Ludovic Boney et Caroline Monnet, sont suspendues au-dessus de panneaux de miroirs 180 ampoules dont l’intensité fluctue en réponse à une bande sonore. Il s’agit de l’enregistrement d’un discours prononcé en 1992 par le grand chef de la nation Cris (Eeyou Istchee), Matthew Coon Come. Il s’y oppose au projet hydroélectrique de Grande-Baleine, dans le nord du Québec, qui menace de détruire une vaste portion de territoire. Ses paroles, audibles dans un premier temps, sont toutefois retranscrites graduellement en code morse, puis brouillées par des grésillements qui évoquent ceux des transformateurs électriques. L’avertissement contenu dans son message se ressent néanmoins fortement, le rythme visuel et sonore de l’œuvre faisant naître une inquiétude liée aux coûts environnementaux des infrastructures qui lui permettent de fonctionner.
D’autres artistes font plutôt appel à la lumière naturelle. Les délicates installations in situ de Karilee Fuglem, comme celles qu’elle réalise lors d’une résidence à la Galerie Pierre-François Ouellette art contemporain en 2018, flirtent avec l’invisible. Elles se manifestent toutefois au contact d’un rayon de soleil, changeant d’apparence d’heure en heure. En fonction du mouvement de l’air qui agite doucement les fils très fins, le polyester transparent et les autres matériaux translucides qui les composent, les interventions de Fuglem génèrent des effets chatoyants et des jeux d’ombre sur les surfaces qui les entourent. Elles animent l’espace par des moyens sobres qui témoignent d’une attention soutenue à la clarté du jour.
Ce dossier thématique portera sur la lumière, naturelle ou artificielle, et sa mobilisation au sein d’œuvres sculpturales, urbaines, performatives ou scénographiques. Quel est ce pouvoir mystérieux qui permet à la lumière de révéler tout autant que de brouiller la perception de l’espace et du temps? Comment contribue-t-elle à façonner des ambiances, des situations et des environnements? Quels liens entretient-elle avec l’ombre et l’opacité ? Souvent associée à la sécurité, comment participe-t-elle à différents régimes de surveillance et au maintien de l’ordre? Également porteuse d’un potentiel ludique, comment concourt-elle à générer de l’enchantement, de l’étonnement ou de l’amusement ? Alors que, comme le présente Jonathan Crary dans 24/7 (2013), le développement de l’éclairage au gaz et à l’électricité s’inscrivait dans le projet capitaliste d’allonger le temps productif quotidien, quels rapports conserve-t-elle avec la création de valeur ? Et comment en faire un usage responsable dans un contexte de crise climatique et de déclin de la biodiversité? C’est à travers l’étude d’œuvres récentes où la lumière joue un rôle important que ces questions et d’autres pourront être explorées.
Si vous souhaitez collaborer à ce numéro thématique, co-dirigé par Josianne Poirier, nous vous invitons, dans un premier temps, à envoyer un courriel à la codirectrice générale et éditoriale de la revue (gcortoespaceartactuel.com) avant le 3 novembre 2025, afin de présenter une brève proposition (250 mots). Nous vous informerons rapidement si votre proposition est retenue. Votre texte complet ne devra pas dépasser les 2000 mots, notes de bas de page non comprises, et nous sera soumis avant le 8 janvier 2026. Les honoraires sont de 65 $ CA par page (250 mots).
Quellennachweis:
CFP: ESPACE art actuel, no 143: Lumière/Light. In: ArtHist.net, 03.10.2025. Letzter Zugriff 14.10.2025. <https://arthist.net/archive/50778>.