Tattooist VS Tattooer : la figure du tatoueur au prisme de l'histoire de l'art.
Présentation :
En 1902, dans un article du périodique mensuel Pearson’s Magazine, le tatoueur londonien Sutherland Macdonald est présenté comme « tattooist » (contraction des termes tattoo et artist) pour différencier son travail de celui d’un « tattooer », terme jugé trop proche de « plumber » (plombier) ou « bricklayer » (maçon). Il se revendique alors artiste et non pas artisan du tatouage.
Dès les prémices de sa professionnalisation en Occident, la pratique du tatouage met en lumière une figure équivoque, oscillant entre artisan décorateur du corps et artiste peignant de manière indélébile sur la peau. Cette ambiguïté ravive l’opposition historiographique entre technè et epistémè – en d’autres termes entre artisanat et art – et permet à l’histoire de l’art et à l’histoire des techniques de questionner les gestes du tatouage et le statut de ses praticiens et praticiennes tout en historicisant leurs savoir-faire polysémiques.
La journée d’étude internationale « Tattooist VS Tattooer : la figure du tatoueur au prisme de l’histoire de l’art » est dédiée à l’historicisation de la construction de la figure du tatoueur, entre artiste et artisan. Elle vise à encourager le dialogue entre historiens et historiennes de l’art, artistes et artisans du tatouage afin d’explorer les enjeux historiques et actuels de cette évolution.
Par le biais de communications et de tables rondes en français et en anglais, la journée sera structurée en trois sections. Elle s’ouvrira d’abord sur l’analyse de la dichotomie entre artistes et artisans, telle qu’elle est abordée en histoire de l’art, afin de fournir un cadre de réflexion sur l’évolution des figures pionnières de la pratique et d’identifier et reconsidérer leurs contributions à l’évolution technique et artistique du tatouage. Puis il s’agira d’aborder le débat actuel sur l’identité professionnelle des tatoueurs et tatoueuses, en explorant les divergences entre les statuts d’artiste et d’artisan, qui peuvent être sources de tensions en raison de perceptions et d'aspirations distinctes de la part des praticiens eux-mêmes. Enfin, la troisième partie de la journée portera sur les relations entre le milieu professionnel du tatouage et celui de l’art. Elle interrogera, d’une part, le rôle des artistes-tatoueurs et tatoueuses ayant contribué à la reconnaissance culturelle du tatouage, avant de se tourner vers d’autres médiums ou de rejeter les qualités artistiques du tatouage ; d’autre part, l’appropriation de cette pratique par des artistes extérieurs au domaine du tatouage.
Réactualisant les discours et les discordances autour du statut du tatoueur et de la tatoueuse, cette journée d’étude est pensée en espace de dialogue entre deux sphères – l’histoire de l’art en milieu universitaire et le monde professionnel du tatouage – qui s’attachent à questionner la même figure pour en faire son histoire artistique.
English abstract :
In 1902, in an article published in the monthly periodical Pearson’s Magazine, London-based tattoo artist Sutherland Macdonald was introduced as a “tattooist” (a contraction of tattoo and artist) to distinguish his work from that of a “tattooer”, a term deemed too close to plumber or bricklayer. By adopting this designation, he asserted himself as an artist rather than a craftsman of tattooing.
From the very beginnings of its professionalization in the West, the practice of tattooing has highlighted an ambiguous figure. Its duality revives the historiographical opposition between technè and epistémè – in other words, between craft and art – allowing both art history and the history of techniques to examine tattooing gestures and the status of its practitioners while historicizing their multifaceted expertise. The international symposium “Tattooist VS Tattooer : la figure du tatoueur au prisme de l’histoire de l’art” is dedicated to the historicization of the tattooist’s identity, navigating between artist and craftsperson. It aims to foster dialogue between art historians, tattoo artists or tattoo artisans both the historical and contemporary stakes of this evolving status.
Through presentations and roundtable discussions held in both French and English, the event will be structured into three main sections. The first part will examine the artist vs. craftsperson dichotomy as approached in art history, providing a framework to reflect on the evolution of pioneering f igures in tattooing and reassessing their contributions to its technical and artistic development. The second section will focus on the contemporary debate surrounding tattoo practionners’ professional identities, exploring the divergences between artistic and artisanal statuses, which can be sources of tension due to differing perceptions and aspirations among practitioners. The final part will investigate the relationship between professional tattooing and the art world. It will consider, on one hand, the role of tattoo artists who have contributed to the cultural recognition of tattooing before transitioning to other mediums or rejecting tattooing’s artistic value. On the other hand, it will explore how artists from outside the tattoo world have appropriated this practice. By revisiting the discourses and debates surrounding the status of tattooists, this symposium is designed as a space for dialogue between two spheres – academic art history and the professional world of tattooing – which both seek to explore the same figure through an art historical perspective.
Programme
9h15 Accueil
9h45 Sarra Mezhoud, doctorante en histoire de l’art contemporain (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et Alix Nyssen, assistante doctorante en histoire de l’art contemporain (Université de Liège)Introduction
Session 1 – Les « maîtres-tatoueurs » : construction et figures historiques de la dialectique artiste-artisan
Modération : Jeanne Barnicaud, Doctorante en histoire contemporaine (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
10h30 Valérie Nègre, professeure des universités en histoire des techniques (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
À propos de quelques figures historiques de l’artiste artisan (XVIIIe-XIXe siècle)
11h00 Matt Lodder, Senior Lecturer in Art History and Theory (University of Essex)
The Birth of the Modern Tattoo Industry: A Primary Source Approach
11h30 Discussion
12h00 Déjeuner
Session 2 – Les praticiens du « 10e art » ? Identité professionnelle des tatoueurs en question
Modération : Zoé Kiner-Wolff, doctorante en histoire de l’art contemporain (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et artiste du bijoux
13h30 Karine Grenouille, secrétaire du Syndicat National des Artistes Tatoueurs et Valérie Rolle, maîtresse de conférences en sociologie de la culture et des arts (Université de Nantes)
Entre réglementation, droit et exercice du métier : la reconnaissance artistique du tatouage en question
14h15 Mikael de Poissy, artiste-tatoueur pisciacais et commandeur de l’Académie des Arts Sciences et Lettres
Parcours d’un artiste-tatoueur, témoin de l’historicisation et de la légitimation de sa pratique
Session 3 – Le tatoueur en artiste / l’artiste en tatoueur : emprunts et citations dans l’art contemporain
Modération : Nicolas Ballet, attaché de conservation – Service Nouveaux Médias, (MNAM/Centre Pompidou) et docteur en histoire de l'art contemporain (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
15h30 Alix Nyssen, assistante doctorante en histoire de l’art contemporain (Université de Liège)
Des usages du tatouage comme médium chez les artistes contemporains
16h00 Ruth Marten, artiste et ancienne tatoueuse new-yorkaise
Underground Tattooing in 1970’s New York City
16h30 Sébastien Layral D’Alessandro, artiste peintre et performeur châtelguyonnais et Olivier Poinsignon, artiste tatoueur et performeur
chamaliérois
Le tatouage : dernier espace d'expression de la liberté
17h15 Discussion
18h00 Performance de Sébastien Layral D’Alessandro et Olivier Poinsignon
LIbrE ?
Informations :
Les sessions auront lieu en français et en anglais.
L’entrée est gratuite et la journée d’étude est ouverte à toutes et tous. Une réservation préalable est cependant demandée via ce formulaire : https://p1ps.fr/Tattoo
La journée d'étude sera également accessible via Zoom. Un lien sera envoyé aux personnes ayant rempli le formulaire d'inscription.
Organisation scientifique et programmation : Sarra Mezhoud - Sarra.Mezhouduniv-paris1.fr - et Alix Nyssen - Alix.Nyssenuliege.be
Quellennachweis:
CONF: Tattooist VS Tattooer (Paris, 26 Mar 25). In: ArtHist.net, 19.03.2025. Letzter Zugriff 02.04.2025. <https://arthist.net/archive/44844>.