CFP 05.05.2021

Espace art actuel (Hiver 2022): Féminisme spatial/Space feminism

Montréal (Canada)
Eingabeschluss : 31.05.2021

André-Louis Paré

[English follows]

FÉMINISME SPATIAL/SPACE FEMINISM : Dossier ESPACE art actuel (Hiver 2022)

L’espace intersidéral ou extra-atmosphérique est un territoire critique, un lieu d’habitation potentielle qui se présente à nous comme une invitation à reconsidérer le présent et l’avenir des sociétés terrestres contemporaines. En effet, notre capacité à imaginer de nouvelles formes d’exploration et d’habitation spatiales témoignent de nos modes d’organisation politique actuels et donc de notre capacité à vivre au présent. Quel est donc le potentiel de nos modes d’imagination de l’exploration spatiale à activer une transformation au présent ?
L’histoire des programmes spatiaux est souvent réduite à la domination impériale et économique des superpuissances mondiales. Cette domination s’est matérialisée par la reproduction d’une série d’idéologies qui ont facilité la réaffirmation d’un nombre d’ordres sociaux, notamment sexistes, raciaux, coloniaux, et capacitistes. La marginalisation des femmes du programme américain est particulièrement évocatrice à ce sujet. Dans les années 1960, la fondation Lovelace a financé le Projet Mercury 13 dont l’objectif était de former 13 femmes pour aller sur la Lune. Malgré les données statistiques qui démontraient l’égalité – voire même la supériorité – des femmes à entreprendre ce type de mission, le programme a rapidement été écarté par la NASA. Aujourd’hui, on raconte plutôt l’histoire d’Apollo, ce programme qui a offert l’opportunité à 12 hommes de marcher sur la Lune. Ce biais sexiste fait écho à une technique d’amarrage des modules spatiaux développée pour le programme Apollo-Soyouz. Ce programme a en effet utilisé le système d’amarrage périphérique androgyne (ASAP) comme une alternative au système mâle/femelle puisqu’aucune nation ne voulait incarner la section femelle de l’arrimage. Ces deux exemples historiques démontrent que l’exploration spatiale n’est pas seulement une occasion d’imaginer d’autres possibles, mais aussi un lieu de reproduction de nos problèmes et biais terrestres. Quelle est donc la valeur actuelle du féminisme à provoquer de nouvelles formes d’intérêts et à revitaliser les formes symboliques et matérielles de l’exploration et de l’habitation spatiales ?
L’objectif de ce dossier est de repeupler l’imagination spatiale avec des projets artistiques construits depuis des perspectives féministes. Au-delà d’une considération des femmes comme groupe historiquement marginalisé ou comme ressource mal exploitée, Féminisme spatial interroge les politiques de production de connaissances et d’expériences spatiales à partir d’une question en apparence simple, mais politiquement chargée : comment le féminisme spatial peut-il agir comme un diagnostic performatif de notre époque ?
Plus spécifiquement, le féminisme spatial s’articule ici en contraste avec, d’une part, une démarche restauratrice qui chercherait à mettre en lumière la marginalisation et la sous-représentation des femmes et à leur redonner la place qu’il leur revient, et, d’autre part, avec une approche réactionnaire qui faciliterait une réification des antagonismes et pouvoirs dominants. Ce dossier s’inscrit plutôt dans une perspective affirmative qui vise à interroger comment le féminisme pose problème dans le champ politique des activités spatiales. Comment le féminisme peut-il agir non pas comme une solution, mais comme une contrainte productive et constructive ? À quel genre de vie politique et spatiale cette contrainte peut-elle donner lieu ?
Féminisme spatial cherche donc à créer des zones d’incertitude, de luttes et de refus du statu quo, où les différences peuvent être contestées. L’objectif étant non pas de célébrer le féminisme, mais bien de questionner comment il peut parvenir à mettre à l’épreuve nos capacités politiques d’organisation et d’attachement spatiaux. Ce dossier vise donc à brouiller les catégories existantes afin d’instaurer de nouvelles possibilités sociales et politiques. Informé par le féminisme, il vise à renouveler son champ d’application en problématisant comment il s’allie avec d’autres formes politiques de résistance (transgenre et transhumain, décoloniale, multi-espèces, etc.) pour proposer de nouveaux modes d’existences et de coexistence.
L’objectif est de saisir le féminisme spatial dans ses dimensions matérielles plutôt que seulement linguistiques ou symboliques. Dans cette perspective, comment une approche artistique féministe peut-elle produire des matérialités susceptibles de subvertir les hégémonies actuelles, notamment celles de privatisation et de commercialisation de l’espace? Le féminisme spatial ne cherche pas à faire usage du féminisme pour résoudre les problèmes des activités spatiales, mais bien à proposer des alternatives poétiques et critiques qui favorisent une redistribution de l’espace, du pouvoir, des ressources et du capital dans le champ social. Il est donc compris comme un mode d’analyse constructiviste, comme un ethos, comme un mode de vie si bien que la question “Qu’est-ce que le féminisme spatial” ne peut être répondue sans aussi répondre à “Comment pratique-t-on le féminisme spatial?”
Ce dossier a donc pour objectif de réunir des textes qui rendent visible et sensible – par des études de cas et des projets artistiques et de design – les nouvelles formes d’intérêts et de matérialités que l’exploration artistico-féministe des sciences et technologie spatiales est susceptible de susciter, c’est-à-dire, des projets qui offrent des regards aiguisés et des perspectives matérielles situées chargés du pouvoir d’inventer un programme spatial féministe.
Si vous souhaitez participer à ce dossier, nous vous invitons, dans un premier temps, à contacter par courriel le directeur de la revue, André-Louis Paré (alpareespaceartactuel.com), avant le 31 mai 2021 afin de présenter sommairement votre proposition. Nous vous informerons rapidement si celle-ci est retenue. Votre texte, version complète, ne devra pas dépasser les 2000 mots et devra nous être remise au plus tard le 30 août 2021. Suivant notre politique éditoriale, tous les textes reçus seront ensuite relayés au comité de rédaction en vue de la sélection finale. Le cachet des textes publiés est de 65 $ par feuillet de 250 mots.
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Interstellar or outer space is a critical territory, a potential habitation place that invites us to reconsider the present and the future of contemporary terrestrial societies. Indeed, our capacity to imagine new forms of space exploration and habitation testifies to our current modes of political organization and hence to our capacity to live in the present. What then is the potential for our ways of imagining space exploration to activate a transformation in the present?
The history of space programs is often reduced to the imperial and economic domination of world superpowers. This domination was brought about through the reproduction of a series of ideologies that facilitated the reaffirmation of a number of social orders, notably ones that are sexist, racist, colonialist and ableist. The marginalization of women in the US space program is particularly revealing in this regard. In the 1960s, the Lovelace foundation supported the Mercury 13 Project, the goal of which was to train 13 women to go on the Moon. Despite the statistical data that demonstrated the equal capacity—even superiority—of women to carry out this type of mission, this program was rapidly shelved by NASA. Today, it is the story of Apollo that is usually told, this program that provided 12 men with the opportunity to walk on the Moon. This sexist bias echoes the space module docking technique developed for the Apollo-Soyouz program. This program actually used the Androgynous Peripheral Attach System (ASAP) as an alternative to the male/female system, since no nation wanted to embody the female section of the docking mechanism. These two historical examples show that space exploration is not only an opportunity to imagine other possibilities, but also a site where our terrestrial problems and biases are reproduced. What valuable contribution can feminism then make to stir new types of interest and to revitalize symbolic and material forms of space exploration and habitation?

The objective of this thematic issue is to repopulate the space imaginary with artistic projects constructed according to feminist perspectives. Beyond a consideration of women as an historically marginalized group or as a badly exploited resource, Space Feminism examines the policies regarding the production of space-related knowledge and experiments on the basis of an apparently simple, yet politically charged question: how can space feminism act as a performative diagnostic of our period?
More specifically, space feminism is here structured in contrast with, on the one hand, a restorative approach that would seek to highlight the marginalization and underrepresentation of women and to give them back their rightful place, and, on the other, a reactionary approach that would facilitate a reification of antagonisms and dominant powers. For its part, this issue has adopted an affirmative perspective that aims to examine how feminism poses a problem in the political field of space activities. How can feminism act not as a solution, but as a productive and constructive obstacle? What kind of life can this obstacle give rise to in the political or space spheres?
Space feminism thus seeks to create zones of uncertainty, of struggles and a refusal of the status quo, where differences can be contested. The goal is not to celebrate feminism, but rather to question how it can effectively put our capacities for political organization and spatial attachment to the test. This issue aims to blur the existing categories in order to establish new social and political possibilities. The approaches draw on feminism in order to renew its application field by problematizing how it allies itself with other political forms of resistance (transgender and transhuman, decolonial, multi-species, etc.) to propose new modes of existence and coexistence.
The goal is to capture space feminism in its material dimensions and not just in its linguistic and symbolic ones. In this perspective, how can a feminist artistic approach produce materialities apt to subvert the current hegemonies, notably those of space privatization and commercialization? Space feminism does not seek to make use of feminism to solve the problems of space activities, but rather to propose poetic and critical alternatives that favour a redistribution of space, power, resources and capital in the social field. It is therefore understood as a mode of constructivist analysis, like an ethos, as a way of life, so much so that the question “What is space feminism” cannot be answered by not also answering “How does one practice space feminism?”
This thematic issue aims to bring together texts in which the new types of interest and materialities that the artistic-feminist exploration of space science and technology is apt to rouse are made visible and tangible by way of case studies and art and design projects, i.e. postures that offer incisive views and situated material perspectives charged with the power to invent a feminist space program.

If you wish contribute to this thematic issue, we invite you, as a first step, to email the magazine’s editor-in-chief, André-Louis Paré (alpareespaceartactuel.com), before May 31, 2021, with a brief proposal pitch. We will inform you promptly if your proposal is preselected. Your completed text should not exceed 2000 words and must be submitted by August 30, 2021. Following our editorial policy, all the texts will then be reviewed by the editorial committee for the final selection. The honorarium for the published papers is $65 per page (250 words).

Quellennachweis:
CFP: Espace art actuel (Hiver 2022): Féminisme spatial/Space feminism. In: ArtHist.net, 05.05.2021. Letzter Zugriff 22.12.2024. <https://arthist.net/archive/34020>.

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