CFP Jan 19, 2005

Antiquite entre Moyen Age et Renaissance (Paris, Mars 06)

blondeau chrystele

Appel à communications

COLLOQUE (Paris, Mars 2006)

L´ANTIQUITE ENTRE MOYEN AGE ET RENAISSANCE
L´Antiquité dans les livres produits au nord des Alpes entre 1350 et 1520

La connaissance et l´etude de l´Antiquité demeurent pour l´historiographie
traditionnelle l´un des critères de distinction entre le Moyen Age et la
Renaissance. Depuis les recherches menées au sein de l´Institut Warburg par
Erwin Panofsky, Jean Seznec et Jean Adhémar, cette thèse a été largement
discréditée avec la mise en lumière notamment dune « renaissance
carolingienne » et d´une « renaissance du XIIème siècle », deux périodes à
l´activité intellectuelle et artistique fortement tournées vers la culture
classique. Pour la fin du Moyen Age, c´est l´humanisme italien qui est censé
« briller » sur l´Occident. Pourtant, dans limaginaire des hommes du nord
des Alpes, l´Antiquité est loin davoir disparu comme le confirment de
récentes études.
Au printemps 2006, le Centre de Recherches sur l´Art de l´Université Paris
X-Nanterre se propose de rassembler les chercheurs historiens, historiens de
l´art et littéraires autour dun colloque consacré au problème de la
perception de l´Antiquité hors d´Italie à la fin du Moyen Age. Lorsque nous
parlons d´« Antiquité », il s´agit de comprendre ce terme tel que
l´entendait l´homme médiéval, à savoir moins une période historique définie
que des temps « anciens » où se mêlent l´histoire et la fable. La France,
considérée au-delà du seul royaume jusque dans ses frontières d´aujourd´hui,
et les Etats bourguignons ont été privilégiés. Ce cadre géographique est
bien sûr réduit par rapport à l´ensemble de la production du livre au nord
des Alpes, mais il présente un champ d´études déjà très riche qui permet de
réfléchir sur des milieux intellectuels fondamentaux pour la question qui
nous préoccupe, tout en conservant une certaine cohérence sur le plan
artistique. Notre cadre chronologique commence avec le règne de Jean le Bon,
marqué par la commande des premières véritables traductions d´auteurs
classiques aux alentours de 1350, jusqu´aux débuts traditionnels de la
Renaissance, c´est-à-dire les années 1520 et l´installation de François Ier
à Fontainebleau. Afin de ne pas se disperser dans un champ d´études déjà
ambitieux, il nous a semblé préférable de concentrer notre réflexion sur un
support particulier, à savoir le livre (manuscrit et imprimé) puisqu´il
s´agit d´un lieu de création particulièrement riche qui permet d´interroger
les différents témoins de ce goût pour l´antique que sont les hommes, les
textes et les images.
Au cours de ce colloque, nous chercherons à déterminer s´il existe une
perception particulière de l´Antiquité au nord des Alpes par rapport,
notamment, à la façon dont elle s´exprime en Italie et, d´autre part, si ce
regard se modifie fondamentalement durant les deux derniers siècles du Moyen
Age. Réfléchir sur ces questions permettra, nous lespérons, de nuancer
l´idée convenue selon laquelle le goût pour l´antique ne serait, au nord des
Alpes, qu´un phénomène d´importation, une diffusion du « modèle italien ».
Sur un plan plus strictement épistémologique, ces rencontres seront aussi
l´occasion de confronter les problématiques et les méthodes développées par
les spécialistes des différentes disciplines concernées par la production du
livre au tournant du Moyen Age et de la Renaissance.

Cerner la vision de l´Antiquité qu´expriment les livres exécutés hors
d´Italie entre 1350 et 1520 environ implique de s´interroger sur les enjeux
de leur production, sur la nature des reprises et de l´adaptation que
subissent les formes et les thèmes antiques dans les ouvrages et -sur les
acteurs du « goût » pour l´antique en ce domaine.

Les communications pourront ainsi s´attacher à des personnalités ou à des
groupes dont l´attitude témoigne d´un intérêt particulier pour l´Antiquité
ou qui furent impliqués, de par leur activité, dans le développement et
l´entretien du goût pour l´antique : auteurs et enlumineurs, commanditaires
et collectionneurs, « gens de savoir », mais aussi libraires, marchands,
etc. Cette première approche inclut également toutes les questions relatives
aux contacts avec l´Italie, Avignon et l´Empire byzantin.

La considération des thèmes et des formes dérivés de l´Antiquité ou censés
l´incarner amène par ailleurs à s´interroger sur la culture classique des
hommes de la fin du Moyen Age, tant dans le domaine littéraire que sur le
plan visuel. Il faudrait aussi définir ce que recouvrait alors exactement la
notion d´antiquité, à quelle(s) entité(s) spatiale(s) et temporelle(s) elle
renvoyait (antiquité latine, grecque, orientale, régionale) et faire la part
de la connaissance et de l´imaginaire pour chacune d´entre elles.

Les modes sur lesquels se sont opérées la transmission et l´adaptation,
voire la réinvention des thèmes, des motifs et des formes antiques, tant en
ce qui concerne les textes que l´illustration et l´ornementation qui les
accompagnent, pourront également être explorés. En contrepoint pourront
d´ailleurs être évoqués des cas de résistance latente ou explicite à la
tradition antique.

Selon une autre approche, pourront être envisagés l´impact des genres
littéraires sur la vision de l´Antiquité que véhiculent les ouvrages ou
encore le rôle de stimulant de certaines traditions (celles de la rhétorique
ou de l´ekphrasis par exemple) dans la référence à l´antique. Les
propositions pourront aussi s´attacher aux liens unissant le texte et
l´illustration et confronter l´interprétation que chacun d´entre eux offre
de l´Antiquité.

La question des rapports entre la production livresque et les autres media
artistiques pourront également être l´objet de réflexions.

Pourront enfin être envisagés les enjeux intellectuels, historiques,
politiques, moraux (etc) attachés au choix d´une thématique antique, à son
traitement et à sa réception.

Ces grandes orientations constituent une trame indicative et non exhaustive
destinée à structurer la réflexion. Les propositions de communication, pour
peu qu’elles respectent les cadres chronologique et géographique qui ont été
précédemment définis, peuvent cependant s´en affranchir pour aborder sous
d´autres angles la question du rapport à l´antique dans la production
manuscrite et imprimée.

Comité scientifique:
Jean-Patrice BOUDET (Université d Orléans), Laurence HARF-LANCNER
(Université Paris III – Sorbonne-Nouvelle), Fabienne JOUBERT (Université
Paris IV – Sorbonne), Marie-Hélène TESNIERE (Bibliothèque Nationale de
France)

Comité d´organisation:
Chrystèle BLONDEAU (Université de Nantes), Marie JACOB (Université Paris X –
Nanterre), C.R.E.A.R.T. (Université Paris X – Nanterre)

Informations pratiques:
Les projets de communication (1 page) sont à envoyer au plus tard le 30
avril 2005.Chaque intervenant disposera d´un temps de parole de 25 min.

Contacts:
Chrystèle Blondeau : chryb_bsghotmail.comMarie Jacob : mariejacobvoila.fr

Reference:
CFP: Antiquite entre Moyen Age et Renaissance (Paris, Mars 06). In: ArtHist.net, Jan 19, 2005 (accessed Jul 4, 2025), <https://arthist.net/archive/26893>.

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