CFP 30.01.2020

Disturbing Bodies (Rome, 11-13 Jun 20)

French Academy, Rome, 11.–13.06.2020
Eingabeschluss : 29.02.2020

Patrizia Celli

[French version below]

DISTURBING BODIES. IMAGES AND IMAGINARY DURING THE EARLY MODERN PERIOD

"Never did eye see the sun unless it had first become sunlike.
Not, really, there is no need for magic, for enchantment.
there’s no need for a soul, nor a death, for me to be
both transparent and opaque, visible and invisible, life and thing.
For me to be a utopia, it is enough that I be a body".

In Early modern visual culture the representation of contorted, disarticulated and fragmentary bodies, of grimacing faces deformed by particular emotions or actions, of open bodies revealing organs and orifices, can both surprise and disturb the contemporary observer. It may be too simplistic to think about these bodily configurations as formal experiments, iconographic inventions, ‘excessive’ or even transgressive motifs linked to infernal or oneiric imaginary, to the aesthetics of grotesque or of a ‘topsy-turvy world’. These images of the body provoke a disturbing, possibly aggressive incongruity, which can be perceived – even if only intuitively – as significant and disconcerting. But what causes this ‘trouble’? Where does it come from? Can this effect be defined? Has it always been felt in the same way throughout time and in cultures other than our own? To experience this state of ‘trouble’ and to consider how the body can be represented as disturbing – i.e. engaging both the viewer’s body and mind, and therefore being able to orient or even alter her or his perception of the image – means questioning the articulation between two historically and culturally complex research objects: on the one hand, the perception of the body, and on the other, the definition of ‘trouble’ as an affect.

These disturbing expressions of the body – of a body that is nevertheless recognized by the viewer as ‘similar’ to his or her own – emerge in contrast with an idealized conception of the body constructed as a historical idea and actor of all utopias, constantly reshaped and transfigured by the cultural constructions of societies (Foucault). By displaying a de-idealized body, some Early modern images both seduce and challenge the viewer with their aggressiveness and provocative power, their obscene or ludicrous aspect. Such images can be disconcerting, disgusting or even ‘exciting’ because of the ‘excessive’, unnatural, incongruous configurations, gestures, postures and movements of the body that they depict. This complex feeling involving incongruity, confusion and threat has already been experienced in the past in relation to some visual representations: writing about Michelangelo’s Last Judgement, Pirro Ligorio expresses his discomfort, caused by what he describes as a “chaos of bodies made of dough”, bodies that look “pitted”, twisted, senseless and fuor di natura. The distortion, fragmentation and porosity of the body in images impart a specific expressivity to it – for “the body speaks itself for itself” (Dekoninck), thus making itself the agent of phenomena and meanings that go beyond the framework of an iconological approach. Here the involvement of receptive sensibility is crucial! The difficulty for the historian then is to comprehend how the ‘trouble’ – which is a fallout of sensitive seduction – can become consubstantial with the advent and the power of the image, as well as with the transmission of meaning.

Besides the uncanny feeling caused by the body’s alterity, deformity, hybridity or illness – all issues that have already been studied –, the workshop intends to question visual configurations that make the image of the body disturbing, to investigate how the early modern eye could perceive this ‘trouble’ and, finally, to define this kind of gaze historically and culturally. During these three days, we wish to investigate the fecundity and richness of such imaginaries within artistic practice and the production of images, and to shed a new light on the manners and phenomena that inform and affect both the making of images and their sensitive, cognitive, psychological and physiological apprehension. In order to study the ‘trouble’ that this kind of images could provoke, we will consider the moral, socio-political, ethical, aesthetic and cultural perspectives that condition the very idea of the Human, by multiplying epistemic approaches.

The international workshop is part of a series of events organized in Paris and Tours in 2018, thanks to a fruitful collaboration between the Centre d'Études Supérieures de la Renaissance (CNRS-Université de Tours), the Centre André Chastel (CNRS- Sorbonne Université), the IUAV University in Venice and the Accademia di Francia a Roma – Villa Medici.

Proposals for paper (title and abstract of 700 words) and a 150 words curriculum vitae, in English, Italian or French, should be sent before 29 February 2020 to Patrizia Celli (patrizia.cellivillamedici.it) with the subject line "Corps troublants".

Candidates will be informed of the selection around March 15, 2020 via e-mail.

Organisers: Francesca Alberti Accademia di Francia a Roma – Villa Medici; Giovanni Careri Università IUAV di Venezia/CEHTA-EHESS; Antonella Fenech Kroke Centre André Chastel – CNRS/Sorbonne Université.

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CORPS TROUBLANTS. IMAGES ET IMAGINAIRES DANS LA PREMIÈRE MODERNITÉ

Jamais un œil ne verrait le soleil
Sans être devenu semblable au soleil.
Non, vraiment, il n’est pas besoin de magie ni
de féerie, il n’est pas besoin d’une âme ni d’une
mort pour que je sois à la fois opaque et transparent,
visible et invisible, vie et chose : pour que
je sois utopie, il suffit que je sois un corps.

Dans la culture visuelle de la première modernité, la représentation de corps contorsionnés, désarticulés ou fragmentaires, de visages grimaçants ou déformés par des émotions ou des actions particulières, de corps ouverts révélant organes et orifices, peut surprendre autant que perturber le spectateur d’aujourd’hui. Or, il serait trop réducteur de penser ces configurations corporelles et les dispositifs qui les mettent en exergue comme des expérimentations formelles, des trouvailles iconographiques, des motifs ‘excessifs’ voir transgressifs associés aux imaginaires infernaux ou oniriques, à l’esthétique du grotesque ou du ‘monde à l’envers’.

Ces images du corps provoquent une incongruité troublante, possiblement agressive, susceptible d’être perçue, ne serait-ce que de manière intuitive, comme signifiante et déconcertante. Mais qu’est-ce qui cause ce trouble ? D’où vient-il ? Peut-on définir et circonscrire cet affect ? A-t-il toujours été ressenti de la même manière à travers le temps et dans d’autres cultures que la nôtre ? Éprouver cet état et considérer la manière de figurer le corps dans l’image comme troublante – c’est-à-dire agissant sur l’esprit et le corps du regardeur et, donc, pouvant orienter voire altérer sa perception de l’image – revient à interroger les points d’articulation entre deux objets de recherche complexes du point de vue historique et culturel : d’une part, la perception du corps, d’autre part, la définition de ‘trouble’ en tant qu’affect. Ces expressions troublantes du corps – d’un corps toutefois reconnu par le regardeur comme ‘semblable’ au sien – émergent du contraste avec une conception idéalisée du corps pensé comme idée historique et comme acteur de toutes les utopies, sans cesse refaçonné et transfiguré par les constructions culturelles des sociétés (Foucault).

En donnant à voir un corps dés-idéalisé, certaines images prémodernes séduisent et interpellent en même temps qu’elles se chargent d’une agressivité, d’un pouvoir de provocation, d’une tonalité obscène ou risible ; elles peuvent être parfois déroutantes, dégoûtantes, ou même ‘excitantes’ à cause des configurations, des gestes, des postures et des mouvements ‘excessifs’, in-naturels, incongrus du corps qu’elles mettent en scène.
Ce genre de sentiment complexe mêlant incongruité, confusion et menace a été déjà éprouvé par le passé face à certains dispositifs visuels : devant le Jugement Dernier de Michel-Ange, Pirro Ligorio exprime le malaise provoqué par ce qu’il nomme un « chaos de corps faits en pâte », corps comme « dénoyautés », tordus, insensés et fuor di natura.
La distorsion, la fragmentation, la porosité du corps figuré lui confèrent une expressivité spécifique – car « le corps parle lui-même de lui-même » (Dekoninck) se faisant ainsi l’agent de phénomènes et significations qui débordent le cadre d’une approche iconologique. Ici l’implication de la sensibilité réceptrice est donc décisive ! La difficulté est alors pour l’historien de saisir comment le trouble – qui est un effet de séduction sensible – peut devenir consubstantiel à l’avènement et au pouvoir de l’image ainsi qu’à la transmission du sens.

Au-delà de l’inquiétante étrangeté que provoquent l’altérité, la difformité, l’hybridité ou la maladie du corps – des problématiques qui ont fait l’objet de nombreuses recherches –, cet atelier de recherche souhaite questionner les configurations visuelles par lesquelles l’image d’un corps devient troublante, de vérifier comment le regard prémoderne perçoit ce trouble et, enfin, définir historiquement et culturellement ce regard.
Cet atelier de recherche sera l’occasion de sonder la fécondité et la richesse de tels imaginaires dans la pratique artistique et dans la production d’images, au sens large. Il souhaite jeter une nouvelle lumière sur les pratiques et les phénomènes qui informent et affectent autant la production d’images que leur appréhension sensible, cognitive, psychique et physiologique. Il s’agira ainsi de penser le trouble provoqué par le corps figuré par le biais de questionnements d’ordre moral, sociopolitique, éthique, esthétique et culturel qui conditionnent l’idée même d’Humain, en multipliant les approches épistémiques, sans exclure les échanges entre aires chronologiques.

Cette rencontre est organisée à la suite des workshops qui ont eu lieu à Paris et à Tours. Ce cycle d’ateliers de recherche est le fruit d’une collaboration entre le Centre d’Études Supérieures de la Renaissance (CNRS-Université de Tours), le Centre André Chastel (CNRS-Sorbonne Université), l’IUAV Université de Venise et l’Académie de France à Rome.

Les propositions de communication (titre et résumé de 700 mots max) et un CV de 150 mots, en anglais, italien ou français, sont à envoyer avant le 29 février 2020 à Patrizia Celli (patrizia.cellivillamedici.it) en précisant en objet « Corps troublants ».

Les candidats seront informés de la sélection aux alentours du 15 mars 2020 par courriel.

Organisateurs: Francesca Alberti Académie de France à Rome – Villa Médicis; Giovanni Careri IUAV Université de Venise/CEHTA-EHESS; Antonella Fenech Kroke Centre André Chastel – CNRS/Sorbonne Université.

Quellennachweis:
CFP: Disturbing Bodies (Rome, 11-13 Jun 20). In: ArtHist.net, 30.01.2020. Letzter Zugriff 20.04.2024. <https://arthist.net/archive/22525>.

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