CFP 07.02.2015

esse magazine issue: Take a position

Eingabeschluss : 01.04.2015

Sylvette Babin

Le français suivra

Take a position

In the conference “What is criticism?” presented in 1978 at the Société française de la philosophie, Michel Foucault defined “critical attitude” not as a categorical refusal of all forms of authority, but as a reconsideration of the way we are governed: of “how not to be governed like that,” considering that these principles, objectives, means, and processes constitute the overriding concerns of critical thought. In response to the opening of the Louis Vuitton Foundation in Paris this fall, writers, artists, and philosophers (including Giorgo Agamben, Georges Didi-Huberman and Jacques Rancière) have taken a virulent stand against the growing influence of major financial groups linked with the luxury goods industry in the art world—an objection certainly in line with this perspective. Without rejecting all forms of private investment in contemporary art, the signatories of the text “Is art but a luxury good?” openly criticize these “noble arts patrons,” whom they consider to be mere speculators largely responsible for government disengagement. Claiming that these “new masters of the market” are exploiting art and art practitioners to “gain prestige” and boost their profits, they invite intellectuals, critics, and artists to break their code of silence and to speak out in order to envision more viable alternatives for the world of art and culture.

Even though some have taken issue with private sector influence, few critics have yet dared to challenge the intellectual power assumed by certain institutions (universities, museums, exhibition and documentation centres) and forums (magazines, newspapers, blogs) that shape artistic trends, condition the discourse, and determine which artists and practices gain visibility at the expense of others. With this in mind, esse wishes to open the debate on what it means to take a critical stance in the world of contemporary art today. What does criticism imply? What are the issues and stakes, who are the actors, and what forums and modes of expression are involved? How and where are debates taking place and whom do they serve? How is the evolution of writing and communication platforms (the web, blogs, etc.) affecting critical practice? Does it promote the free expression and flow of opinions? And more generally, what are the socio-political implications of taking a stand in the field of contemporary art? Does art still contribute to the elaboration of a counter-discourse? What roles are intellectuals, art critics, and artists actually playing in the movement against certain institutional modus operandi? Given the dynamics of dependence, power, and collaboration within the milieu, is it possible for art practitioners to freely take a stand? And finally, what conditions—pragmatic, theoretical, and ideological—are currently shaping art criticism and, in a broader sense, the field of art?

For this edition, esse is particularly interested in theoretical analyses and case studies that address these urgent questions head on. We therefore invite authors to take a stand in the pages of our magazine and to reflect collectively on the critical and political role that a forum such as ours can play in today’s world.

Send your text (1,000 - 2,000 words, footnotes included) in US letter format (doc, docx, or rtf) to redactionesse.ca before April 1, 2015. Please include a short biography (50-80 words), an abstract of the text (100 words), as well as postal and e-mail addresses. We also welcome submissions (reviews, essays, analyses of contemporary art issues) not related to a particular theme (annual deadlines: September 1, January 10, and April 1).

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Prendre position

Dans une conférence intitulée « Qu’est-ce que la critique ? », présentée en 1978 devant la Société française de la philosophie, Michel Foucault circonscrivait l’« attitude critique » non pas comme un refus catégorique de toute forme d’autorité, mais comme une remise en cause de la manière d’être gouverné : « comment ne pas être gouverné comme cela », à savoir par ces principes, ces objectifs, ces moyens et ces procédés, constituait, selon le philosophe, la préoccupation première de la pensée critique. En réponse à l’ouverture cet automne du musée de la Fondation Louis-Vuitton dans le Bois de Boulogne à Paris, la récente prise de position d’écrivains, d’artistes et de philosophes (dont Giorgio Agamben, Georges Didi-Huberman et Jacques Rancière) contre le rôle croissant des grands groupes financiers liés à l’industrie du luxe dans le monde de l’art s’inscrit certainement dans cette perspective. Sans rejeter toute forme d’investissement privé en art contemporain, les signataires du texte « L’art n’est-il qu’un produit de luxe ? » s’en prennent de façon virulente à ces « nobles mécènes » qu’ils considèrent comme de simples spéculateurs. Arguant que ces « nouveaux maîtres du marché », grandement responsables du désengagement de l’État, instrumentalisent l’art et ses intervenants pour « dorer [leur] blason » et faire bondir leurs profits, ils invitent les intellectuels, critiques et artistes à sortir de leur omerta et à prendre position afin d’envisager des alternatives plus viables pour le monde de l’art et de la culture.

Si l’on s’élève aujourd’hui contre le pouvoir du privé, peu de critiques n’osent encore contester le pouvoir intellectuel assumé par certaines institutions (universités, musées, centres d’exposition et de documentation) ainsi que par certaines tribunes (revues, journaux, blogues), qui influencent les orientations artistiques, conditionnent les discours et décident quels types de pratiques et quels artistes seront les plus visibles, au détriment d’autres. Dans cette optique, esse souhaite ouvrir une réflexion sur les formes et les conditions de la prise de position critique dans le champ de l’art actuel. Qu’en est-il de la critique aujourd’hui ? Quels en sont les enjeux, les objets, les acteurs, les tribunes et les modes d’expression ? Comment et où se font les débats ? À qui servent-ils ? Quel impact l’évolution des plateformes d’écriture (le web, les blogues, etc.) a-t-elle sur la pratique de la critique ? Favorise-t-elle l’expression des opinions et leur libre circulation ? Plus généralement, quelle est la portée sociale et politique de la prise de parole dans le champ de l’art actuel ? L’art participe-t-il encore à l’élaboration d’un contre-discours ? Quels rôles jouent concrètement l’intellectuel, le critique d’art et l’artiste dans la mobilisation contre un certain modus operandi institutionnel ? Malgré les relations de pouvoir qui structurent leur milieu, les intervenants du monde de l’art arrivent-ils librement à prendre position ? Enfin, quelles sont les conditions actuelles – politiques, théoriques, éthiques – de la critique d’art et, plus globalement, du champ de l’art ?

Pour ce numéro, esse recherche des contributions théoriques et des études de cas qui abordent de front ces questions, devenues particulièrement urgentes ces dernières années. Nous invitons par le fait même les auteurs à prendre position dans les pages de la revue, de manière à réfléchir collectivement sur la fonction critique et politique que peut encore remplir aujourd’hui une tribune comme la nôtre.

Les textes proposés (de 1 000 à 2 000 mots maximum, notes incluses) peuvent être envoyés en format lettre US (.doc, .docx ou .rtf) à redactionesse.ca avant le 1 avril 2015. L’auteur est prié d’inclure, à même le texte, une courte notice biographique (50-100 mots), un résumé du texte (100 mots), ainsi que son adresse courriel et postale. Les propositions non afférentes aux dossiers (critiques, essais et analyses sur différents sujets en art actuel) sont aussi les bienvenues (dates de tombée : 1er septembre, 10 janvier et 1er avril de chaque année).

Quellennachweis:
CFP: esse magazine issue: Take a position. In: ArtHist.net, 07.02.2015. Letzter Zugriff 29.04.2024. <https://arthist.net/archive/9426>.

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