CFP 27.06.2013

Les Peintres et la Première Guerre mondiale (Paris, 4-6 Dec 14)

Paris
Eingabeschluss : 15.01.2014

Anne-Pascale Bruneau-Rumsey

Les Peintres et la Première Guerre mondiale : commandes, productions, collections, vers une histoire comparative

Université Paris Ouest-Nanterre – Musée de l’Armée (4-6 décembre 2014)

Colloque international organisé par le CREA-EA 370, la BDIC et le Musée de l’Armée

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En Grande-Bretagne, en France, et en Allemagne, pendant la Première Guerre mondiale et les années de l’immédiat après-guerre, des milliers d’œuvres d’art ont vu le jour, par lesquelles les artistes ont cherché à représenter le conflit. Les unes s’attachent à la figuration des combats sur les différents fronts, à la vie dans les tranchées, aux destructions humaines et matérielles, à la dévastation du paysage, les autres se concentrent sur l’arrière, le « front domestique » et les réorganisations de la société ; certaines, enfin, optent pour une approche plus elliptique, voire allégorique du conflit et de ses conséquences. Tableaux, dessins, gravures réalisés par des artistes de toutes tendances, renommés ou moins connus, engagés volontaires, mobilisés, missionnés aux armées, ou non-combattants : les conditions de production de ces œuvres varient; celles de leur diffusion et de leur réception, au cours du conflit, des années d’après-guerre, et du siècle qui suit, également.

En Grande-Bretagne, les représentations de la Grande Guerre par les peintres constituent un champ bien étudié qui, outre des chapitres de monographies consacrées à des artistes individuels ayant vécu le conflit, a donné lieu à des travaux où sont examinées les conditions de leur émergence, notamment dans le cadre de programmes officiels de commandes (Harries & Harries, Malvern, Viney). De nombreux peintres ont en effet été recrutés comme « war artists » dans des programmes gouvernementaux qui se sont poursuivis dans l’après-guerre, et ont débouché sur la constitution de collections publiques d’envergure. Ainsi, l’Imperial War Museum, créé en 1917, et qui ouvre ses portes au public en 1920, deviendra-t-il un organe majeur de diffusion de ces œuvres ; œuvres auxquelles certains artistes, comme Paul Nash, ou Christopher Nevinson, doivent en partie leur célébrité.

Les missions d’artistes aux armées ont existé aussi en France et en Allemagne, fonctionnant selon des modalités différentes, et spécifiques à chaque pays. La Bibliothèque-Musée de la Guerre (actuelle BDIC) et le Musée de l’Armée sont dépositaires d’un nombre important de toiles, estampes et dessins acquis par l’Etat français ou reçus en don à l’armistice, réalisés par des artistes missionnés (comme Denis, Vallotton, Bonnard ou Vuillard) ou mobilisés (Léger, Dunoyer de Segonzac, Friesz, entre autres). Nombre d’œuvres demeurent encore dans des collections privées.

En Allemagne, la peinture est mise à contribution pour vanter les mérites de la culture allemande, avec l’organisation, entre autres manifestations culturelles, d’expositions dans les pays neutres. Les représentations du front par des peintres de guerre officiels ont fait l’objet d’une redécouverte au musée d’Oldenbourg en 2008 (catal. Bernd Küster). Plus étudiées sont les dénonciations de l’horreur des tranchées par les expressionnistes (Beckmann et Dix notamment) ou la critique des valeurs de l’État portée par le projet artistique Dada mené depuis Zurich. Abordée principalement dans le cadre de monographies d'artistes, la peinture allemande de la Première Guerre a fait également l’objet de plusieurs ouvrages généraux (Gerster et Helbling, Gölss, Jürgens-Kirchhoff). Nombre d’œuvres se trouvent dans les différents musées de la guerre ou de l'armée, notamment au Musée bavarois de l'Armée à Ingolstadt, d’autres, dans les musées d’art et dans des collections privées.

La participation ou non des grands noms de la peinture moderne, et, tout particulièrement, des artistes liés aux mouvements d’avant-garde, à la représentation du conflit, à titre privé ou dans le cadre de commandes, puis l’accès aux œuvres qu’ils ont produites sur ce thème ont joué un rôle majeur dans l’interprétation contemporaine des rapports des peintres à la guerre. Dès lors, le constat fait par Philippe Dagen d’un « silence », en France, de ces artistes, au sujet de la Grande Guerre s’explique-t-il surtout par l’inadéquation des ressources picturales au sujet, la nature irreprésentable de cette guerre, la fragmentation des avant-gardes, ou faut-il s’interroger davantage sur les commandes, les conditions de la réception et de la constitution des collections publiques dans les différents pays, et sur le statut accordé aux avant-gardes dans chacun d’entre eux?

Ce colloque international, consacré aux représentations de la Première Guerre mondiale par les peintres qui l’ont vécue, s’intéressera aux œuvres réalisées et aux conditions de leur production, de leur diffusion et de leur réception. Centré sur la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, il sera ouvert à la possibilité de comparaisons plus larges, avec d’autres pays engagés dans le conflit (l’Italie, la Russie, la Belgique, l’Autriche, les Etats-Unis, le Canada ou l’Australie, par exemple). Le contexte institutionnel de la production et de la diffusion des œuvres en constituera une voie d’approche privilégiée, mais non la seule, en lien avec d’autres thématiques.

Les propositions de communication pourront être faites, notamment, mais de manière non exclusive, sur les thèmes suivants :

• Usages et finalités des représentations de la guerre par les artistes – usages privés / usages publics ; réalisations spontanées / œuvres de commandes ; documentation, commentaire, censure et propagande; pacifisme ; attentes collectives ; témoignage et construction du souvenir
• Transcrire l’expérience de l’extrême
• Regard porté par l’artiste sur son travail ; journaux et écrits d’artistes
• Contraintes matérielles, contraintes politiques, et temporalité de la création
• Approche comparative des divers programmes de commandes et missions d’artistes aux armées, rôle de l’Etat
• Rapports à la tradition, aux mouvements et aux affiliations ; la possibilité d’une peinture d’histoire moderne ?
• Vecteurs de diffusion – les galeries, la diffusion par le livre et la presse, les collections publiques…; les politiques de constitution des collections

Les propositions de communications, en français ou en anglais et d’une longueur d’environ 300 mots, sont à faire parvenir avant le 15 janvier 2014, accompagnées d’une brève notice bio-bibliographique, à :

Anne-Pascale Bruneau-Rumsey, mailto:anne-pascale.bruneauu-paris10.fr et Séverine Letalleur-Sommer mailto:severineletalleurgmail.com. La décision du comité scientifique sera communiquée le 28 février 2014.

Les communications et les discussions auront lieu en français et en anglais.

Il est prévu de publier un volume collectif regroupant une sélection des communications après examen par le comité scientifique.

Comité d’organisation :
Anne-Pascale Bruneau-Rumsey MCF Etudes anglophones, Nanterre, CREA–EA370
Séverine Letalleur-Sommer, MCF Etudes anglophones, Nanterre, CREA–EA370
Dominique Bouchery, Resp. secteur germanique, BDIC
Benjamin Gilles, Resp. périodiques & documents électroniques, BDIC
François Lagrange, Chef de la division de la recherche historique et de l'action pédagogique du Musée de l'Armée

Comité scientifique :
Annette Becker, Pr. Histoire, Paris Ouest-Nanterre, HAR–EA4414
Anne-Pascale Bruneau-Rumsey, MCF Etudes anglophones, Paris Ouest-Nanterre, CREA–EA370
Cornelius Crowley, Pr. Etudes anglophones, Paris Ouest-Nanterre, Directeur du CREA–EA370
David Guillet, Directeur adjoint du Musée de l’Armée
Juliane Haubold-Stolle, Deutsches Historisches Museum, Berlin
Ségolène Le Men, Pr. Histoire de l'Art, Paris Ouest-Nanterre, HAR–EA4414
Marielle Silhouette, Pr. Etudes théâtrales, Paris Ouest-Nanterre, HAR, CEREG–EA4223
Valérie Tesnière, Directrice de la BDIC, Directrice d’études à l’EHESS

PAINTERS AND THE GREAT WAR: COMMISSIONS, PRODUCTION AND COLLECTIONS – TOWARDS A COMPARATIVE HISTORY

Université Paris Ouest-Nanterre – Musée de l’Armée (4-6 December 2014)

An international conference organized by the CREA research centre (Université Paris Ouest-Nanterre), the BDIC (Bibliothèque de documentation internationale contemporaine) and the Musée de l’Armée, Paris

In Great Britain, France and Germany, during the First World War and the years immediately following it, thousands of artworks were created as artists attempted to represent the conflict. Some works concentrated on the representation of combat on different fronts, on life in the trenches, on human and material destruction and the devastation of the landscape, while others looked to the home front and changes in the organization of society, and still others opted for a more elliptical or even allegorical approach to the conflict and its consequences. Paintings, drawings and engravings were executed by artists of all tendencies, some well-known, some less so, some volunteers, some conscripts, some on official assignment with the army, and some non-combatants. As the conditions in which the works were produced varied, so did the conditions of their diffusion and reception, during the conflict, in the years that followed and over the course of the century that has elapsed since then.

In Great Britain, significant scholarly attention has been paid to painters’ representations of the Great War. This has given rise not only to chapters within monographs devoted to artists who experienced the conflict, but also to studies which have examined the conditions under which these representations were created, notably in the context of official commissions (Harries & Harries, Malvern, Viney). Numerous painters were recruited as war artists under government schemes that continued into the post-war period and led to the constitution of significant public collections. The Imperial War Museum, which was established in 1917 and opened to the public in 1920, became a major organ of diffusion of these works – works to which some artists, such as Paul Nash and Christopher Nevinson, partly owe their fame.

War artist programmes also existed in France and Germany, organized in different ways, specific to the national context. In France, the Bibliothèque de documentation internationale contemporaine or BDIC (formerly the Bibliothèque-Musée de la Guerre) and the Musée de l’Armée have significant holdings of paintings, prints and drawings that were acquired by the French state or donated at the Armistice; some were executed by artists on official assignment, such as Denis, Vallotton, Bonnard and Vuillard, and others by conscripts, including Léger, Dunoyer de Segonzac and Friesz. Many works remain in private collections.

In Germany, painting was utilized to glorify national culture, and exhibitions were among the cultural activities organized to that end in neutral countries. Official war artists’ paintings of the Front were the subject of new attention in an exhibition held at the State Museum in Oldenburg in 2008 (catalogue ed. Bernd Küster); more extensively studied are Expressionist painters’ denunciations of the horrors of the trenches, notably the work of Beckmann and Dix, and the critique of State values carried out by Zurich-based Dada artists. German art of the First World War has been principally studied within monographs, but has also been the object of several overviews (Gerster and Helbling, Gölss, Jürgens-Kirchhoff). Numerous works are held by military museums, notably the Bavarian Army Museum in Ingolstadt; others are in art museums and private collections.

Contemporary interpretations of painters’ relation to the War have drawn, to a significant extent, on the participation (or non-participation) of major painters – in particular those linked to avant-garde movements – in the representation of the conflict, whether in a private capacity or in order to carry out commissions; also significant has been the question of access to the works produced. Philippe Dagen has argued that in France these artists remained “silent” on the subject of the First World War. Can this silence be explained by painting’s not disposing of methods adequate to the subject, by the unrepresentable nature of the Great War, and by the fragmentation of avant-garde movements, or should analysis attend rather to such questions as public commissions, the conditions of reception and ways in which public collections were created in the different countries, and to the differing status of the avant-garde in each?

This international conference takes as its subject the representations of the First World War by painters who experienced it. It will consider the works produced, and the conditions of their production, diffusion and reception. The principal focus will be on France, Great Britain and Germany, but the conference will also be open to broader comparisons with other countries engaged in the conflict, including Italy, Russia, Belgium, Austria, the United States, Canada and Australia. Particular attention will be given to the institutional context of works’ production and diffusion, in connection with other themes and approaches.

Proposals for papers will be welcome on topics including, but not limited to, the following:

• The uses and ends of artists’ representations of the War; private and public uses ; spontaneous productions versus works produced to commission; documenting, comment, censorship, propaganda; pacifism; public expectations; testimony and the construction of memory
• Representing extreme experiences
• The artist’s relationship to his/her work: journals and artists’ writings
• Material and political constraints ; the time and timing of creation
• Comparative approaches to the different programmes of commissions and war artists schemes; the role of the State
• The relation to tradition, to art movements, to affiliations; the question of the possibility of modern history painting
• Means of diffusion: galleries, books, the Press, public collections ; collecting policies.

Abstracts in English or French (around 300 words) should be sent with a short biographical note to Anne-Pascale Bruneau-Rumsey mailto:anne-pascale.bruneauu-paris10.fr and Séverine Letalleur-Sommer mailto:severineletalleurgmail.com before January 15, 2014. Notification of acceptance by the scientific committee will be sent by February 28, 2014.

Papers and discussion will be held in French and English.

A volume of selected papers from the conference is planned for publication following examination by the scientific committee.

Organizing committee:
Anne-Pascale Bruneau-Rumsey, Senior Lecturer in English, Paris Ouest-Nanterre, CREA–EA370
Séverine Letalleur-Sommer, Senior Lecturer in English, Paris Ouest-Nanterre, CREA–EA370
Dominique Bouchery, Curator of German Collections, BDIC
Benjamin Gilles, Head of Periodicals and Digital Collections, BDIC
François Lagrange, Head of historical research and educational programmes, Musée de l'Armée

Scientific committee:
Annette Becker, Professor of History, Paris Ouest-Nanterre, HAR–EA4414
Anne-Pascale Bruneau-Rumsey, Senior Lecturer in English, Paris Ouest-Nanterre, CREA–EA370
Cornelius Crowley, Professor of English, Paris Ouest-Nanterre, Director of CREA–EA370
David Guillet, Deputy Director of the Musée de l’Armée
Juliane Haubold-Stolle, Deutsches Historisches Museum, Berlin
Ségolène Le Men, Professor of Art History, Paris Ouest-Nanterre, HAR–EA4414
Marielle Silhouette, Professor of Theatre Studies, Paris Ouest-Nanterre, HAR, CEREG–EA4223
Valérie Tesnière, Director of the BDIC, Professor, EHESS

Quellennachweis:
CFP: Les Peintres et la Première Guerre mondiale (Paris, 4-6 Dec 14). In: ArtHist.net, 27.06.2013. Letzter Zugriff 28.03.2024. <https://arthist.net/archive/5656>.

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