CFP Oct 13, 2010

L’historiographie française de l’art (21-23 Nov 2011)

Michela Passini

L’historiographie française de l’art, de l’affaire Dreyfus à la Quatrième
République : nouvelles perspectives

Colloque international, Paris, INHA, salle Vasari, 21, 22 et 23 novembre 2011
Organisateurs : Anne Lafont (INHA), Neil McWilliam (Duke University), Eric
Michaud (EHESS), Michela Passini (INHA).
Comité scientifique : Kathryn L. Brush (University of Western Ontario),
Rossella Froissart (Université de Provence Aix-Marseille 1), Hubertus Kohle
(Université de Munich), Anne Lafont (INHA), Michel Leymarie (Université de
Lille 3), Neil McWilliam (Duke University), Eric Michaud (EHESS), Michela
Passini (INHA).

L’axe histoire de l’histoire de l’art de l’INHA, en collaboration avec Neil
McWilliam et Eric Michaud, a entamé en 2007 un programme de recherches sur
les enjeux nationaux dans les discours sur l’art en France, durant le premier
XXe siècle. A ce titre, deux journées d’études ont été organisées : la
première (en novembre 2008) a traité de la question nationale dans
l’historiographie belge, britannique, italienne, russe, slovaque, roumaine et
allemande. La seconde (en novembre 2009) a rendu compte de la perception de
l’art français à l’étranger en étudiant, entre autres, sa réception dans les
revues espagnoles et italiennes, l’organisation d’expositions d’art français
en Pologne et en Suède ou bien encore l’impact de la traduction d’ouvrages
d’historiens de l’art français comme L’art du XVIIIe siècle des frères
Goncourt, qui parut en allemand en 1921.

D’entrée, il nous avait semblé opportun d’entamer ce programme sur
l’historiographie des arts visuels et la question nationale sur un plan
européen, donnant ainsi plus de relief à la situation française. Nous
souhaitons à présent poursuivre ce travail sur les enjeux nationaux par un
colloque international consacré cette fois au discours proprement hexagonal
sur l’art. Autrement dit, il nous semble indispensable de confronter ce qui
semble être le motif idéologique dominant dans la littérature artistique de
la Troisième République - le nationalisme - aux autres enjeux intellectuels,
culturels, idéologiques ou politiques travaillant l’histoire de l’art de
cette période. Réunir, autour de ce demi-siècle, des chercheurs
s’interrogeant sur les fondements explicites ou implicites de notre
discipline devrait s’avérer d’autant plus fructueux que cette époque est
précisément celle d’une consolidation de l’histoire de l’art. Celle-ci se
professionnalise, élabore de nouvelles méthodes, se forge un outillage et
redéfinit des domaines de recherche tandis que, progressivement, les musées,
l’université, mais aussi le marché de l’art s’affirment comme les lieux de
production privilégiés de ces discours et de ces savoirs sur l’art.

Sans être – loin s’en faut – définitifs et prescripteurs, deux axes
principaux se dessinent:

- Les historiens de l’art: activités, profils, réseaux.
Durant cette période, la figure de l’historien de l’art recouvre une grande
variété de profils socio-professionnels: conservateurs de musée et
professeurs des universités sont majoritaires, d’autant que certains d’entre
eux cumulent ces deux fonctions ou les occupent successivement, à l’instar de
Charles Diehl ou d’Henry Lemonnier. Toutefois, artistes, collectionneurs –
Stanislas Lami et Etienne Moreau-Nélaton émargeant dans ces deux catégories
–, bibliothécaires (Jean Laran), hauts fonctionnaires (Armand Dayot), hommes
politiquement engagés (Louis Dimier mais aussi Jean Locquin et Ferdinand
Engerand), médecins ou philosophes (Elie Faure et Gabriel Séailles) ou encore
critiques d’art comme Charles Saunier, s’engagent dans l’écriture de
l’histoire de l’art et tirent de leur double activité des bénéfices
particuliers et des schémas de pensée spécifiques, dont nous aimerions que le
colloque se fasse l’écho. De même, il conviendrait de s’interroger sur la
place des femmes dans l’histoire de la discipline. Contrairement à l’Italie
et à l’Angleterre, peu d’historiennes de l’art françaises sont repérables en
dehors de quelques professionnelles des musées comme Agnès Humbert, Denise
Jalabert et Marie-Louise Bataille, et des épouses et collaboratrices d’hommes
restés célèbres, à l’instar de Gabrielle Rosenthal et Galienne Francastel.

- La diversification méthodologique.
Les grands courants de pensée qui ont animé l’histoire de l’art germanophone
puis, à partir des années trente - nombre de ses écrivains étant en exil en
Grande-Bretagne et aux Etats-Unis – l’histoire de l’art anglo-saxonne, sont
désormais relativement connus. Mais que sait-on de la complexité et de la
diversité des discours d’un formalisme à la manière de Focillon, en regard de
celui de Sedlmayr par exemple ? Existe-t-il une étude comparant
l’iconographie chrétienne d’un Emile Mâle à celles développées par d’autres à
la même époque ? On sait que Burckhardt et Müntz eurent pour ambition, à la
fin du XIXe siècle, d’écrire une histoire de l’art comme histoire de la
civilisation ; or la période suivante est celle des premières tentatives
(Léon Rosenthal et Jacques Mesnil) d’écrire une histoire « sociale » de l’art
qui ne serait pas d’inspiration marxiste: les travaux menés sur l’un ou
l’autre de ces penseurs seraient utilement mis à profit pour interroger, dans
le champ français, la pluralité et la confrontation des approches. Si les
individus incarnent parfois des méthodes, les « notions » témoignent
généralement des intérêts d’une époque pour certains aspects de l’art: que
revêt par exemple, dans la littérature artistique de l’entre-deux-guerres, la
notion de style (devenue centrale à la discipline depuis Les principes
fondamentaux de l’histoire de l’art de Wölfflin, publiés en allemand en 1915)
? Enfin, on pourra s’interroger sur les conséquences de l’abandon progressif
de l’esthétique normative ou de l’intérêt croissant pour l’art des sociétés «
primitives » : quels croisements entre l’histoire de l’art et les disciplines
connexes, telle l’ethnographie?

Ces quelques exemples s’attachent à montrer l’étendue des thèmes possibles,
mais ne sont en aucun cas exclusifs : nous attendons des propositions de
communication qu’elles révèlent d’autres pistes, inattendues et stimulantes,
dans le cadre de cette rencontre internationale sur les discours artistiques
en France dans la première partie du XXe siècle.

La proposition de communication devra se limiter à une page. Elle sera
accompagnée d’un court CV et d’une bibliographie sélective.

Merci d’adresser vos propositions par courriel à:
Anne Lafont anne.lafontinha.fr et Michela Passini michela.passiniinha.fr.

Date limite pour déposer une proposition de communication : 15 janvier 2011.
Le comité scientifique examinera les propositions et communiquera les
résultats de sa sélection courant févrie

Reference:
CFP: L’historiographie française de l’art (21-23 Nov 2011). In: ArtHist.net, Oct 13, 2010 (accessed Sep 18, 2025), <https://arthist.net/archive/33010>.

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