ANN 10.10.2002

Pétition pour sauver l'Institut National d'Histoire de l'Art à Paris (INHA)

Laurence Bertrand

Chers collègues,
Vous trouverez ci-joint le texte d'une tribune destinée à publication qui
doit comporter le plus de signatures possibles pour être efficace. Le plus
simple est de rajouter vos noms à la liste des signataires et de le
renvoyer à l'adresse eric.de.chasseyuniv-tours.fr ou
laurence.bertand.dorleaclibertysurf.fr .
Merci également de transmettre le document joint avec les mêmes directives
à toute personne susceptible de signer ou d'agir en faveur de l'INHA.

Cordialement, Laurence Bertrand Dorléac et Eric de Chassey

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PETITION POUR SAUVER L’INSTITUT NATIONAL D'HISTOIRE DE L'ART À PARIS
(http://www.inha.fr)

TEXTE

Les historiens d'art sont inquiets. Et avec eux tous ceux qui pensent que
la recherche sur la création artistique du passé et du présent peut avoir
de l'intérêt : conservateurs de musée, étudiants et amateurs. Après des
années d'atermoiement, un ambitieux projet d'Institut National d'Histoire
de l'Art (INHA) avait enfin pu se concrétiser depuis un décret du 14
juillet 2001, prévoyant un déploiement à Paris, sur une partie des sites
de l'ancienne Bibiothèque nationale, rue Richelieu et rue Vivienne.

A première vue, ce projet n'est pas remis en cause, et les passants
peuvent toujours admirer, rue des Petits Champs, les panneaux très
pédagogiques qui leur expliquent que des travaux sont en cours pour créer
ce prestigieux lieu de recherches. Mais c'est son intérêt même qui est
menacé, son architecture intellectuelle. Si depuis de nombreuses années,
la France n'occupe plus en histoire de l'art la place qui devrait être la
sienne de par ses traditions universitaires et érudites, de par la
richesse de son patrimoine, de par le dynamisme reconquis de sa scène
artistique, c'est précisément pour des raisons que le projet d'INHA, tel
qu'il avait été défini, peut venir combler.

Les chercheurs français sont actuellement obligés de courir, à Paris même
(la situation en province est plus désespérée encore), d'une bibliothèque
à l'autre, pour consulter ici un livre, là un catalogue. En outre, ils ont
à chaque fois de la chance s'ils trouvent de la place, les salles de
consultation étant d'une exiguïté déraisonnable situation particulièrement
préjudiciable pour ceux qui n'habitent pas l'Ile de France. Ils ont
souvent plus vite fait de se rendre en Angleterre, en Allemagne, aux
Etats-Unis, pour y trouver des lieux suffisamment pourvus. L'INHA
permettra enfin de trouver rassemblée toute la bibliographie nécessaire en
un seul lieu suffisamment vaste (les locaux de la rue Richelieu, avec la
salle Labrouste), sans compter que, pour la première fois, la sélection
des ouvrages se fera en coordination entre bibliothécaires et chercheurs.
Les chercheurs français ne peuvent inviter qu'en de trop rares occasions
leurs homologues étrangers, laissant à ceux-ci l'organisation des
colloques prestigieux et des publications bien diffusées. L'INHA disposera
des budgets et des locaux nécessaires pour pallier ce défaut, y compris
pour des projets initiés en province, voire y ayant lieu.

Les chercheurs français voient partir l'un après l'autre les fonds
d'archives vers l'étranger, non seulement parce que les institutions
étrangères disposent de plus d'argent pour les acheter, mais aussi parce
que les artistes ou les ayant-droits rechignent à les laisser dans quelque
réserve où l'on mettrait des décennies à les classer et plus encore à les
exploiter. L'INHA mettra en place des programmes de recherches, des
investigations systématiques destinées à maintenir en France les fonds
d'archives d'artistes et d'historiens d'art, selon les modèles éprouvés
ailleurs.

Enfin, trop souvent, les chercheurs français ne trouvent guère d'écho chez
leurs collègues des musées, tandis que ceux-ci se voient repoussés des
universités. L'INHA, par sa double tutelle Ministère de la
Culture/Ministère de la Jeunesse, de l'Education nationale et de la
Recherche, conduira à des collaborations et à des passerelles fructueuses.
On pourrait multiplier les exemples. Si l'INHA ne se fait pas selon les
modalités qu'un large consensus avait permis d'établir, tout laisse penser
que les jeunes chercheurs seront de plus en plus nombreux à quitter la
France.

Il faut sauver l'INHA si l'on veut que les Français aient un accès
intelligent à leur histoire et à leur patrimoine. Il faut sauver l'INHA,
si l'on veut que la France retrouve pleinement la place qu'elle mérite sur
la scène artistique et intellectuelle internationale.

Eric de Chassey, Professeur d'Histoire de l'art à l'université
François-Rabelais de Tours, critique d'art et organisateur d'expositions.

Laurence Bertrand-Dorléac, membre de l'Institut universitaire de France.

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Quellennachweis:
ANN: Pétition pour sauver l'Institut National d'Histoire de l'Art à Paris (INHA). In: ArtHist.net, 10.10.2002. Letzter Zugriff 23.04.2024. <https://arthist.net/archive/25289>.

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