CFP 04.02.2019

Jardiner/Gardening, Intermédialités no. 36, (automne/Fall 2020)

Eingabeschluss : 01.05.2019

Ouennassa Khiari

[English version below]

Intermédialités. Histoire et théorie des arts, des lettres et des techniques /
Intermediality. History and Theory of the Arts, Literature, and Technologies

no 36 (automne 2020): «Jardiner / Gardening»
Sous la direction de: Denis Ribouillault (Université de Montréal)

Date de soumission des propositions : 1er mai 2019
Annonce des résultats de la sélection des propositions : 15 mai 2019
Soumission des textes complets aux fins d’évaluation : 15 novembre 2019
Publication des textes retenus par le comité de rédaction : automne 2020

Intermédialités est une revue scientifique biannuelle qui publie en français et en anglais des articles évalués de façon anonyme par les pairs.

Les propositions de contribution (700 mots max.) pourront être écrites en anglais ou en français.
Elles devront être envoyées à l’adresse suivante :

Denis Ribouillault : denis.ribouillaultumontreal.ca

Les articles définitifs devront avoisiner les 6 000 mots (40 000 caractères espaces compris) et pourront comporter des illustrations (sonores, visuelles, fixes ou animées) dont l’auteur·e de l’article aura pris soin de demander les droits de publication.

Il est demandé aux auteur·e·s d’adopter les normes du protocole de rédaction de la revue disponible à l’adresse suivante :
[FR] http://cri.histart.umontreal.ca/cri/fr/intermedialites/protocole-de-redaction.pdf
[EN] http://cri.histart.umontreal.ca/cri/fr/intermedialites/submission-guidelines.pdf

Pour de plus amples informations sur la revue, consultez les numéros accessibles en ligne sur la plateforme Érudit: http://www.erudit.org/fr/revues/im/

Appel à contributions

Si des perspectives intermédiales se sont développées ces vingt dernières années pour aborder la littérature, le théâtre, le cinéma, la danse ou même la tapisserie, le jardin n’a pas encore fait l’objet d’approches qui se revendiqueraient explicitement de ce nouveau courant interdisciplinaire. Pourtant, une large part de l’historiographie et de la théorie des jardins repose sur la relation entre les arts. Le jardin constitue, en ce sens, un formidable laboratoire pour penser et repenser l’intermédialité.
Au sein de la théorie de l’art occidentale, la dimension évidemment intermédiatique du jardin n’a cependant pas contribué à sa valorisation et son statut esthétique a été largement marginalisé. Bien que reléguée à ses marges, l’histoire des jardins s’est néanmoins inscrite dans le sillage de l’histoire et de la théorie de l’art en adoptant pendant longtemps une approche largement cantonnée à la forme et au style et en distinguant certaines phases de son développement en fonction de leur rapport propre à un médium particulier. Selon cette vision, l’architecture qui organise le jardin de la Renaissance cède le pas aux agencements de la statuaire et des fontaines dans les jardins maniéristes et baroques pour aboutir à la conception proprement picturale des jardins paysagers. Les mérites respectifs de l’un ou de l’autre modèle vont continuer d’animer les débats sur le jardin jusqu’au 19e siècle au moins. Ce paragone entre les arts, largement basé sur leur capacité d’imitation (mimèsis) que le jardin lui-même se verrait refuser, se vit du reste rapidement récupéré par les idéologies nationalistes et déboucha sur une classification par « écoles » — le jardin architectonique « italien », le jardin formel « à la française », le jardin paysager « à l’anglaise » — qui, bien qu’encore largement diffusée aujourd’hui, n’offre qu’une vision assez biaisée et fort partielle du développement de l’art des jardins en Europe.
Depuis la Renaissance, la reconnaissance sociale du concepteur de jardin repose elle aussi fortement sur la capacité de ce dernier à faire siens les préceptes d’arts reconnus comme l’architecture, la peinture, la poésie ou encore les mathématiques et la perspective. De nos jours, on reconnaît volontiers à l’histoire des jardins un manque de réflexivité, une incapacité à développer une théorie propre aux jardins (Elkins, 1993). Cette attitude, qu’il faudrait interroger, reflète sans doute un manque de mobilisation générale sur les jardins dans les sciences humaines et une marginalisation institutionnelle, qu’il conviendrait avec une certaine urgence de corriger. Si l’histoire et la théorie des jardins apparaissent apparemment mal définies, n’est-ce pas en partie à cause de sa longue subordination à des savoirs disciplinaires envisagés trop étroitement et trop souvent mis en compétition par les institutions ? N’est-ce pas peut-être parce que l’on a trop longtemps annexé l’art du jardin aux autres arts et oublié sa spécificité propre, notamment qu’il est constitué de « vies », de vivant, par une « société de plantes » « gouvernée » par le jardinier, comme l’a récemment laissé entendre le philosophe G. R. F. Ferrari (2010) ? À cet égard, l’intermédialité pourrait s’avérer fort utile, dès lors qu’elle serait « le produit d’un réflexe de survie des institutions universitaires qui ne peuvent plus bâtir leur légitimité scientifique sur un partage disciplinaire strict du savoir », comme le rappelle Jürgen E. Müller (2006).
Dans les dernières décennies, l’histoire culturelle des jardins s’est enrichie d’approches sociales et politiques, voire anthropologiques, qui prennent en compte son rapport au territoire, à l’environnement, aux lieux (le jardin comme hétérotopie, selon l’idée de Foucault), au cosmos même. Elles mettent désormais de l’avant l’analyse du jardin comme espace plurimédiatique marqué par des pratiques et des performances, celle de la danse, du théâtre, de la poésie, de la musique ou encore des jeux ou de l’observation scientifique. À partir du double héritage de la philosophie marxiste et de la phénoménologie, les questions concernant la place du spectateur, la question du mouvement, de la perception et de la réception du jardin mobilisent les chercheurs, qui ne conçoivent plus l’espace du jardin comme un espace figé mais, au contraire, comme un espace vécu et dynamique.
Philosophes, anthropologues, géographes et créateurs de paysages et de jardins ont développé depuis quelques décennies des approches que l’on peut clairement qualifier d’intermédiales. Le philosophe Massimo Venturi Ferriolo (2006), insiste sur la nécessité non plus d’étudier le paysage comme objet, mais plutôt la « relation paysagère ». Celle-ci désigne, d’une part, la relation entre les objets et les médias qui composent le paysage et le jardin : « un paysage est une image univoque aux multiples éléments; une image avec sa spécificité, avec son caractère particulier. Une image déterminée par la “relation paysagère” formée par la place que chaque objet y tient en rapport avec les autres éléments »; ou encore : « Chaque jardin est au centre d’un ensemble de relations : il n’imite ni ne copie la réalité, mais expose un monde et sa vision. » D’autre part, la « relation paysagère » s’intéresse à la relation tissée entre les hommes et leur environnement, laquelle est au fondement de l’ontologie double et paradoxale du paysage, entre sujet et objet, à la fois représentation constituée des données transmises par les sens, la mémoire et la culture et somme de ses réalités matérielles.
L’ontologie relationnelle qui marque aujourd’hui les études sur le paysage trouve une résonance forte dans les textes de penseurs influents travaillant sur et dans les jardins. Ainsi, les historiens des jardins Monique Mosser et Hervé Brunon (2007) ont développé l’idée du jardin comme « mésocosme » (lieu intermédiaire entre le macrocosme et le microcosme), laquelle trouve sa contrepartie dans la notion de « jardin planétaire » proposée par le paysagiste Gilles Clément (1999). Dans les deux cas, le jardin est compris comme ce morceau de sol où s’inscrit « la relation des hommes à la totalité de l’univers », où « se matérialise le contact de l’intelligible et du sensible », où s’opère « une fusion du sujet et de l’objet ». Dans les deux cas, c’est la renégociation du rapport de l’homme occidental à la nature, la remise en cause des concepts séparés de nature et de culture qui sont en jeu, à l’ère de l’anthropocène. Cette séparation, qu’a bien étudiée Philippe Descola dans Par-delà nature et culture (2005), se serait exprimée dans la culture occidentale par la mise à distance entre l’homme et le paysage (grâce notamment à l’invention de la perspective) ou encore le triomphe de l’homme sur la nature au sein du jardin.
L’intermédialité appliquée au jardin pourrait tenter de prendre en charge l’histoire de telles constructions et notamment de la distanciation / objectivation qui se sont progressivement et diversement instaurées entre l’homme et son milieu. Cette histoire, d’ailleurs, n’a pas toujours été conflictuelle. Hervé Brunon (2015) l’a récemment rappelé en proposant une « archéologie de la relation jardinière » qui aurait pour objectif de repérer et d’étudier les épisodes d’« amitiés respectueuses » tissées entre l’homme et les plantes, les rochers, le ciel et la terre. Les lettres de Pétrarque sur sa retraite du Vaucluse ou les récits d’Henry David Thoreau sur l’expérience d’autarcie qu’il avait tentée dans les bois de la Nouvelle-Angleterre nous rappellent qu’elles ont été et sont toujours possibles. Le jardin signalerait ainsi ce lieu de bienveillance réciproque entre l’homme et la nature commun aux grands mythes jardiniers (Éden, Arcadie, Hespérides, etc.) mais qu’Aristote déjà avait voulu écarter : « il ne peut y avoir d’amitié envers les objets inanimés, ni de rapport de justice, et il n’y en a pas non plus envers un cheval ou un bœuf, ni envers un esclave en tant qu’esclave » (L’Éthique à Nicomaque, Livre VIII).
Les civilisations non occidentales offrent des modèles relationnels profondément différents à l’égard des non-humains. Il est d’ailleurs symptomatique que ce soit au contact des cultures non-occidentales que se nourrissent les chercheurs occidentaux attentifs aux « modes d’identification » de l’homme à la nature ou aux représentations / constructions qui en sont les fruits. Dans son article, Hervé Brunon consacre ainsi un long paragraphe à la Chine ancienne, où l’humain et son lieu (notamment le jardin) apparaissent indissociables. Philippe Descola a bâti son œuvre à partir de sa rencontre avec les Indiens Achuar d’Amazonie et, à leur contact, a été à même de repenser le paysage à partir de l’idée de « transfiguration » in visu ou in situ. De même, les concepts de médiance ou la réactivation de la « mésologie » par Augustin Berque (1990; 2016) trouvent leur origine dans sa formation d’orientaliste. Par exemple, à l’époque Heian au Japon (794-1185), « dresser les pierres » signifiait « faire un jardin ». Il ne s’agit pas seulement pour celui qui aménage le jardin de disposer harmonieusement des pierres choisies. La pierre elle-même est douée d’intentionnalité. La pierre « veut » devenir œuvre. Le lieu de l’œuvre (le jardin) est ainsi un lieu « à l’œuvre », un lieu « en perpétuelle genèse de ce qu’il n’est pas encore et demain ne sera plus » et où l’homme est capable d’écouter et de sentir le langage des pierres et de la nature. Là où l’esthétique relationnelle telle qu’elle est définie par un Nicolas Bourriaud (1998) pour l’art contemporain ou bien l’intermédialité proposent de penser la relation entre les humains (entre l’artiste, ses œuvres et son public) ou entre les médias, c’est également la relation (jardinière) entre humains et non-humains (d’un côté commanditaires, visiteurs, jardiniers, de l’autre plantes, animaux ou encore rochers) qu’il s’agirait de repenser, à l’aune de travaux qui présentent le jardin comme le laboratoire d’une ontologie relationnelle, comme un « jardin planétaire », où le jardinier est cocréateur avec la nature, où l’on « pense et sent[…] avec la terre », comme l’indique Arturo Escobar dans son ouvrage récent sur « l’écologie au-delà de l’Occident » (2018).
Ce numéro d’Intermédialités réunira des textes qui proposent des réflexions critiques sur les relations intermédiatiques au sein du jardin, et la manière dont celles-ci éclairent, voire définissent, les relations entre l’homme (ou la femme) et le jardin.
Les questions abordées s’appuieront sur l’analyse précise de jardins, réels ou non, de tous lieux et de toutes époques et à partir de méthodologies variées. Un intérêt particulier sera porté aux cultures non occidentales et aux modes de relations qu’elles construisent au sein des jardins. À titre indicatif, les textes pourraient être centrés sur l’un ou plusieurs des questions et thèmes suivants, ou les aborder partiellement :

- Les rapports entre les arts au sein du jardin;
- La formation multidisciplinaire du jardinier-paysagiste et ses conséquences;
- Le rôle joué par les arts (peinture, sculpture, architecture, etc.) dans l’historiographie des jardins en Occident et dans le reste du monde;
- L’apport des approches postcoloniales à l’étude des relations intermédiatiques dans les jardins — mais aussi des études sur les femmes et les jardins et les études de genre plus généralement (on peut citer ainsi l’ouvrage de Lisa L. Moore, Sister Arts: The Erotics of Lesbian Landscapes);
- La révision de certaines idées concernant les rapports nature / culture dans l’historiographie d’un jardin (comme, par exemple, dans l’ouvrage de Gregory Quenet sur Versailles);
- La place de l’histoire et de la théorie des jardins au sein des sciences humaines;
- Comment l’intermédialité peut contribuer à la théorisation du jardin (et vice-versa);
- En quoi les relations intermédiales et interhumaines au sein du jardin reflètent les structures d’organisation (sociales, politiques) d’une société donnée;
- Les « amitiés respectueuses » (selon H. Brunon) au sein du jardin;
- L’intentionnalité des existants non humains au sein du jardin.

Bibliographie
- Berque, Augustin « Dresser les pierres, ou le lieu de l’œuvre », Communications, n° 64, 1997, p. 211‒219, www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_1997_num_64_1_1980 (consulté le 17 janvier 2019).
- Berque, Augustin, Médiance, de milieux en paysages, [1990], Paris, Belin/Reclus, 2000.
- Berque, Augustin, « La relation perceptive en mésologie : du cercle fonctionnel d’Uexküll à la trajection paysagère », Revue du MAUSS, vol. 47, n° 1, Paris, La Découverte, 2016, p. 87‒104, Doi : 10.3917/rdm.047.0087, www.cairn.info/revue-du-mauss-2016-1-page-87.htm?try_download=1 (consulté le 17 janvier 2019).
- Besse, Jean-Marc, Le goût du monde. Exercices de paysage, Arles, Acte Sud, 2009.
- Bourriaud, Nicolas, Esthétique relationnelle, Les presses du réel, Paris, 1998.
- Brunon, Hervé et Mosser, Monique, « L’enclos comme parcelle et totalité du monde : pour une approche holistique de l’art des jardins », Ligeia. Dossiers sur l’Art, n° 73‒76, janvier‒juin 2007, dossier Art et espace, p. 59‒75, www.cairn.info/revue-ligeia-2007-1-page-59.htm?contenu=resume (consulté le 17 janvier 2019).
- Brunon, Hervé, « Amitiés respectueuses. Pour une archéologie de la relation jardinière », Jardins, n° 6, « Le soin », 2015, p. 19‒38.
- Brunon, Hervé et Ribouillault, Denis, « Ut pictura hortus », De la peinture au jardin, Hervé Brunon et Denis Ribouillault (dir.), Florence, Leo S. Olschki, 2016, p. 1‒26.
- Clément, Gilles, « De l’animisme archaïque à l’animisme écologique. La place du jardinier », dans Hervé Brunon (dir.), Le Jardin, notre double. Sagesse et déraison, Paris, Autrement, 1999, p. 219‒230.
- Clément, Gilles, Le Jardin planétaire. Réconcilier l’homme et la nature, Paris, Albin Michel, 1999.
- Descola, Philippe, Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, 2005.
- Elkins, James, « On the Conceptual Analysis of Gardens », The Journal of Garden History, vol. 13, n° 4, 1993, p. 189‒198, www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/01445170.1993.10412487 (consulté le 17 janvier 2019).
- Escobar, Arturo, Sentir-penser avec la Terre. L’écologie au-delà de l’Occident, Paris, Seuil, 2018.
- Ferrari, G. R. F., « The Meaninglessness of Gardens », The Journal of Aesthetics and Art Criticism, vol. LXVIII, n° 1, hiver 2010, p. 33‒45 https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/j.1540-6245.2009.01390.x (consulté le 17 janvier 2019).
- Harrison, Robert, Jardins. Réflexions sur la condition humaine, trad. Florence Naugrette, Paris, Le Pommier, 2007.
- Hunt, John Dixon, Greater Perfections: The Practice of Garden Theory, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2000.
- Jakob, Michael, Le jardin et les arts. Les enjeux de la représentation, Gollion, Infolio éditions, 2009.
- Mariniello, Silvestra, « Commencements », Intermédialités, n° 1, 2003, p. 47‒62, www.erudit.org/fr/revues/im/2003-n1-im1814473/1005444ar/ (consulté le 17 janvier 2019).
- Mariniello, Silvestra, « L’intermédialité : un concept polymorphe », in Célia Vieira et Isabel Rio Novo (dir.), Intermedia. Études en intermédialité, Paris, L’Harmattan, 2010, p. 11‒29.
- Méchoulan, Éric, « Intermédialités : le temps des illusions perdues », Intermédialités, n° 1, 2003, p. 9-27, www.erudit.org/fr/revues/im/2003-n1-im1814473/1005442ar/ (consulté le 17 janvier 2019).
- Moore, Lisa L., Sister Arts: The Erotics of Lesbian Landscapes, Minneapolis: University of Minnesota Press, 2011.
- Mosser, Monique, « La réunion des arts est dans le jardin », in Le Progrès des Arts réunis 1763‒1815. Mythe culturel, des origines de la Révolution à la fin de l’Empire ?, Daniel Rabreau et Bruno Tollon (dir.), Bordeaux, William Blake &Co., 1992, p. 171‒185.
- Müller, Jürgen E., « Vers l’intermédialité. Histoires, positions et options d’un axe de pertinence », MédiaMorphoses, n° 16, 2006, p. 99‒110, http://documents.irevues.inist.fr/handle/2042/23499 (consulté le 17 janvier 2019).
- Nys, Philippe, Le jardin exploré. Une herméneutique du lieu, Besançon, Les éditions de l’imprimeur, 1999.
- Nys, Philippe, « Modelages », Canadian Aesthetics Journal, vol. 6, 2001 www.uqtr.ca/AE/Vol_6/Manon/nys.html (consulté le 17 janvier 2019).
- Quenet, Grégory, Versailles, une histoire naturelle, Paris, La Découverte, 2015.
- Ribouillault, Denis, « De la peinture au jardin (en passant par la poésie) : la vallée Giulia à Rome, de Michel-Ange à Poussin », in De la peinture au jardin, Hervé Brunon et Denis Ribouillault (dir.), Florence, Leo S. Olschki, 2016, p. 43‒92.
- Venturi Ferriolo, Massimo, « Jardins, nouveaux paysages : la puissance du regard », Neo-Landscape, Évora, Université d’Évora; Tipografia Peres, 2006, p. 81‒86; transcription consultable en ligne, www.chaia.uevora.pt/pdf/neo_landscape.pdf (consulté le 17 janvier 2019).

[English version]

Intermédialités. Histoire et théorie des arts, des lettres et des techniques /
Intermediality. History and Theory of the Arts, Literature, and Technologies

no 36 (Fall 2020): «Jardiner / Gardening»
Issue editor: Denis Ribouillault (Université de Montréal)

Deadline for submitting a proposal: May 1, 2019
Announcement of proposal selection results: May 15, 2019
Submission of completed texts for peer review: November 15, 2019
Publication of the texts approved by the editorial board: Fall 2020

Intermédialités/Intermediality is a biannual journal, which publishes articles in French and English evaluated through a blind peer review process.

Proposals (max. 700 words) in English or French should be sent to the issue editor at the following email:
Denis Ribouillault: denis.ribouillaultumontreal.ca

Final submissions should be no longer than 6,000 words (40,000 characters, including spaces) and can incorporate illustrations (audio, visual, still or animated) whose publication rights should be secured by the authors.

Authors are requested to follow the submission guidelines available at:
[FR] http://cri.histart.umontreal.ca/cri/fr/intermedialites/protocole-de-redaction.pdf
[EN] http://cri.histart.umontreal.ca/cri/fr/intermedialites/submission-guidelines.pdf

For more information on Intermédialités/Intermedialities, please consult the journal issues available through the online portal Érudit: http://www.erudit.org/revue/im/apropos.html

Call for papers

While intermedial perspectives have developed over the past twenty years to include literature, theatre, cinema, dance, and even tapestry, the garden has not yet been the subject of theoretical approaches that claim to be part of this new interdisciplinary trend. Yet much of the historiography and theory on gardens is based on the relationship between the arts. In this sense, the garden constitutes a formidable laboratory for thinking and rethinking intermediality.

Within Western art theory, however, the garden’s evident intermedial dimension has not contributed to its valorization, and its aesthetic status has been marginalized. Although marginal, the history of gardens is nevertheless inscribed within the history and theory of art by adopting an approach that privileges form and style and by differentiating the stages of its development in terms of their relationship to a particular medium. From this point of view, the organizing architectural principles of the Renaissance garden give way to the statuary and fountain designs of the Mannerist and Baroque gardens, which lead to the strictly pictorial design of landscaped gardens. The respective merits of each of these models will continue to animate debates on the garden until at least the nineteenth century. This paragon between the arts, based to a large extent on their ability to imitate (mimesis), an ability denied to the garden, was soon reappropriated by nationalist ideologies and emerged as a classification by “schools”—the Italian architectonic garden, the French formal garden, the English landscape garden—which, although still widespread today, offers a rather biased and partial view of the development of garden art in Europe.

Since the Renaissance, the social recognition of the garden designer has also relied heavily on his ability to adopt the precepts of recognized arts such as architecture, painting, poetry as well as mathematics and perspective. Today, it is readily acknowledged that the history of gardens is often characterized by a lack of reflexivity and an inability to develop a theory specific to gardens (Elkins, 1993). Such attitude, which should be questioned, undoubtedly reflects a lack of engagement with gardens in the humanities disciplines as well as an institutional marginalization, which should be addressed with some urgency. If garden history and theory seem poorly defined, is it not partly because of their long subordination to narrowly delineated scholarly disciplines, encouraged to compete with each other by institutions? Is it not perhaps because garden art has for too long been annexed to the other arts and has forgotten its own specificity, in particular that it consists of “lives,” of living things, of a “plant society” “governed” by the gardener, as the philosopher G.R.F. Ferrari (2010) has recently suggested? In this respect, intermediality could prove especially useful, since it would be “the product of the survival reflex of academic institutions, which can no longer build their scientific legitimacy on the sharing of knowledge between strictly defined disciplines,” as Jürgen E. Müller (2006) reminds us.

In recent decades, the cultural history of gardens has been enriched with social, political, and even anthropological approaches, which take into account its relationship to the land, to the environment, to places (the garden as heterotopia, according to Foucault), and to the cosmos itself. These approaches now put forward an analysis of the garden as a multimedia space marked by practices and performances—those of dance, theatre, poetry, music as well as games and scientific observation. Departing from the dual heritage of Marxist philosophy and phenomenology, questions concerning the place of the spectator as well as questions of movement, perception, and reception of the garden mobilize the researchers who no longer conceive the space of the garden as fixed, but, on the contrary, as lived and dynamic.

Philosophers, anthropologists, geographers, and creators of landscapes and gardens have developed in recent decades approaches that can clearly be described as intermedial. The philosopher Massimo Venturi Ferriolo (2006) insists on the need to study the landscape not as an object, but as “relational landscape.” This refers to, on the one hand, the relationship between the objects and the media constituting the landscape and the garden: “[A] landscape is an unequivocal image with multiple elements; an image with specificity and a particular character. An image determined by the ‘relational landscape’ and formed by each object’s place in relation to the other elements.” Or: “Every garden is at the centre of a set of relationships: it does not imitate or copy reality, but it displays a world and the vision for that world.” On the other hand, the “relational landscape” is concerned with the relationship between humans and their environment, which is at the basis of the landscape’s double and paradoxical ontology—between subject and object, both a representation constructed from data transmitted by the senses, memory, and culture and a sum of its material realities.

The relational ontology that today marks landscape studies is a theme resonating strongly in the texts of influential thinkers working on and in gardens. Thus, garden historians Monique Mosser and Hervé Brunon (2007) have developed the concept of the garden as “a mesocosm” (an intermediate place between the macrocosm and the microcosm), which finds its counterpart in the notion of “planetary garden” proposed by landscape architect Gilles Clément (1999). In both cases, the garden is understood as that piece of land where the “relation of humans to the totality of the universe” is inscribed, where “the contact of the intelligible and the sensible” materializes, where “the subject and the object blend.” In both cases, what is at stake in the era of the Anthropocene is a renegotiation of the relationship of Western man to nature and a questioning of the separation between nature and culture. This separation, well examined by Philippe Descola in Beyond Nature and Culture (2005), is expressed in Western culture through a distancing between humankind and the landscape (in particular, due to the invention of perspective) or the triumph of humankind over nature in the space of the garden.

When applied to the space of the garden, intermediality may be tempted to take up the history of such constructions and, specifically, that of distancing/objectivation, which has been established gradually and in various forms between humans and their physical milieu. However, this history has not always been contentious. Hervé Brunon (2015) recently reminded us of this when he proposed an “archeology of the garden relation,” which aims to identify and study the moments of “respectful friendships” between humans and plants, rocks, heaven and earth. Petrarch’s letters about his retirement from Vaucluse or Henry David Thoreau’s account of the autarchic life he experimented with in the woods of New England remind us that such “respectful friendships” have been, and still are, possible. The garden would thus draw attention to the place of reciprocal benevolence between humans and nature, described in the great garden myths (Eden, Arcadia, Hesperides, etc.), but which Aristotle wished to exclude: “[T]here cannot be a relation of friendship nor justice towards inanimate objects, nor is there any such relation to a horse or an ox, nor to a slave insofar as he is a slave” (The Nicomachean Ethics, Book VIII).

Non-Western civilizations offer profoundly different relational models in regard to non-human beings. Moreover, it is symptomatic that the work of Western scholars attentive to humankind’s “modes of identification” with nature, or the representations/constructions resulting from such identifications, has been nourished by these researchers’ contact with non-Western cultures. In his article, Hervé Brunon dedicates a long paragraph to ancient China, where humans and their physical surroundings (including the garden) appear to be integral to one another. Philippe Descola’s encounter with the Achuar indigenous people of Amazonia was the starting point from which he built his work and, through this contact, he was able to rethink the landscape from the idea of “transfiguration” in visu or in situ. Similarly, Augustin Berque’s (1990; 2016) concept of mediance or the reactivation of mesology finds its origin in Berque’s training as an orientalist. For example, in the Heian period in Japan (794–1185), “placing of stones” meant “making a garden.” For the creators of the garden, it is not a question only of arranging the selected stones in a harmonious manner. The stone itself is endowed with intentionality. The stone “wants” to become an artwork. The place of the work (the garden) is thus a place “at work,” a place “in perpetual genesis of what isn’t yet and what will no longer be tomorrow” and where the human being is able to listen to and feel the language of stones and nature. Intermediality or relational aesthetics in contemporary art, as defined by Nicolas Bourriaud (1998), propose to think the relationship between humans (between the artist, his works and his audience) or between media, but we also need to rethink the relationship (in the garden) between humans and non-humans (on the one hand, patrons, visitors, gardeners and on the other, plants, animals, or rocks), in light of works that present the garden as the laboratory of a relational ontology, as a “planetary garden” where the gardener is co-creator with nature, where one “thinks and feels […] with the earth,” as Arturo Escobar points out in his recent work on “ecology beyond the West” (2018).

This issue of Intermediality will bring together texts that offer critical reflections on the intermedial relations in the space of the garden, and the ways in which they illuminate, or even define, the relations between man (or woman) and the garden. The questions that this issue will address are based on a precise analysis of gardens, real or not, from all geographical locations and time periods and using various methodologies. Non-Western cultures and the relational modes they construct within the spaces of gardens will be of particular interest. Submissions can focus on, or partially address, one or more of the following questions and themes (but not limited to them):

- the relationships between the arts in the space of the garden;
- multidisciplinary training of the landscaper-gardener and the effects thereof;
- the role of the arts (painting, sculpture, architecture, etc.) in the historiography of gardens in the West and in the rest of the world;
- the contribution of postcolonial approaches to the study of intermedial relations in gardens—but also studies on women and gardens and gender studies more generally (one can cite here Lisa L. Moore’s book Sister Arts: The Erotics of Lesbian Landscapes);
- the revision of some of the ideas concerning the relationship between nature and culture in the historiography of gardens (as in, for instance, Gregory Quenet’s work on Versailles);
- the place of garden history and theory in the humanities disciplines;
- How can intermediality contribute to the advancement of a garden theory (and vice versa);
- In what ways do intermedial and interhuman relationships in the garden reflect the organizational structures (social, political) of a given society;
- “respectful friendships” (according to H. Brunon) in the garden;
- intentionality of non-human beings in the garden.

Bibliography
- Berque, Augustin, « Dresser les pierres, ou le lieu de l’œuvre », Communications, n° 64, 1997, p. 211‒219, www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_1997_num_64_1_1980 (accessed 17 January 2019).
- Berque, Augustin, Médiance, de milieux en paysages, [1990], Paris, Belin/Reclus, 2000.
- Berque, Augustin, « La relation perceptive en mésologie : du cercle fonctionnel d’Uexküll à la trajection paysagère », Revue du MAUSS, vol. 47, n° 1, Paris, La Découverte, 2016, p. 87‒104, Doi : 10.3917/rdm.047.0087, www.cairn.info/revue-du-mauss-2016-1-page-87.htm?try_download=1 (accessed 17 January 2019).
- Besse, Jean-Marc, Le goût du monde. Exercices de paysage, Arles, Acte Sud, 2009.
- Bourriaud, Nicolas, Esthétique relationnelle, Les presses du réel, Paris, 1998.
- Brunon, Hervé and Mosser, Monique, « L’enclos comme parcelle et totalité du monde : pour une approche holistique de l’art des jardins », Ligeia. Dossiers sur l’Art, n° 73‒76, January‒June 2007, special issue on Art et espace, p. 59‒75, www.cairn.info/revue-ligeia-2007-1-page-59.htm?contenu=resume (accessed 17 January 2019).
- Brunon, Hervé, « Amitiés respectueuses. Pour une archéologie de la relation jardinière », Jardins, n° 6, « Le soin », 2015, p. 19‒38.
- Brunon, Hervé and Ribouillault, Denis, « Ut pictura hortus », in Hervé Brunon and Denis Ribouillault (eds.), De la peinture au jardin, Florence, Leo S. Olschki, 2016, p. 1‒26.
- Clément, Gilles, « De l’animisme archaïque à l’animisme écologique. La place du jardinier », in Hervé Brunon (ed.), Le Jardin, notre double. Sagesse et déraison, Paris, Autrement, 1999, p. 219‒230.
- Clément, Gilles, Le Jardin planétaire. Réconcilier l’homme et la nature, Paris, Albin Michel, 1999.
- Descola, Philippe, Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, 2005.
- Elkins, James, « On the Conceptual Analysis of Gardens », The Journal of Garden History, vol. 13, n° 4, 1993, p. 189‒198, www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/01445170.1993.10412487 (accessed 17 January 2019).
- Escobar, Arturo, Sentir-penser avec la Terre. L’écologie au-delà de l’Occident, Paris, Seuil, 2018.
- Ferrari, G. R. F., « The Meaninglessness of Gardens », The Journal of Aesthetics and Art Criticism, vol. LXVIII, n° 1, Winter 2010, p. 33‒45 https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/j.1540-6245.2009.01390.x (accessed 17 January 2019).
- Harrison, Robert, Jardins. Réflexions sur la condition humaine, trans. Florence Naugrette, Paris, Le Pommier, 2007.
- Hunt, John Dixon, Greater Perfections: The Practice of Garden Theory, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2000.
- Jakob, Michael, Le jardin et les arts. Les enjeux de la représentation, Gollion, Infolio éditions, 2009.
- Mariniello, Silvestra, « Commencements », Intermédialités, n° 1, 2003, p. 47‒62, www.erudit.org/fr/revues/im/2003-n1-im1814473/1005444ar/ (accessed 17 January 2019).
- Mariniello, Silvestra, « L’intermédialité : un concept polymorphe », in Célia Vieira and Isabel Rio Novo (eds.), Intermedia. Études en intermédialité, Paris, L’Harmattan, 2010, p. 11‒29.
- Méchoulan, Éric, « Intermédialités : le temps des illusions perdues », Intermédialités, n° 1, 2003, p. 9-27, www.erudit.org/fr/revues/im/2003-n1-im1814473/1005442ar/ (accessed 17 January 2019).
- Moore, Lisa L., Sister Arts: The Erotics of Lesbian Landscapes, Minneapolis, University of Minnesota Press, 2011.
- Mosser, Monique, « La réunion des arts est dans le jardin », in Daniel Rabreau and Bruno Tollon (eds.), Le Progrès des Arts réunis 1763‒1815. Mythe culturel, des origines de la Révolution à la fin de l’Empire ? Bordeaux, William Blake &Co., 1992, p. 171‒185.
- Müller, Jürgen E., « Vers l’intermédialité. Histoires, positions et options d’un axe de pertinence », MédiaMorphoses, n° 16, 2006, p. 99‒110, http://documents.irevues.inist.fr/handle/2042/23499 (accessed 17 January 2019).
- Nys, Philippe, Le jardin exploré. Une herméneutique du lieu, Besançon, Les éditions de l’imprimeur, 1999.
- Nys, Philippe, « Modelages », Canadian Aesthetics Journal, vol. 6, 2001 www.uqtr.ca/AE/Vol_6/Manon/nys.html (accessed 17 January 2019).
- Quenet, Grégory, Versailles, une histoire naturelle, Paris, La Découverte, 2015.
- Ribouillault, Denis, « De la peinture au jardin (en passant par la poésie) : la vallée Giulia à Rome, de Michel-Ange à Poussin », in Hervé Brunon and Denis Ribouillault (eds.), De la peinture au jardin, Florence, Leo S. Olschki, 2016, p. 43‒92.
- Venturi Ferriolo, Massimo, « Jardins, nouveaux paysages : la puissance du regard », Neo-Landscape, Évora, Université d’Évora; Tipografia Peres, 2006, p. 81‒86; see the full transcription at www.chaia.uevora.pt/pdf/neo_landscape.pdf (accessed 17 January 2019).

Quellennachweis:
CFP: Jardiner/Gardening, Intermédialités no. 36, (automne/Fall 2020). In: ArtHist.net, 04.02.2019. Letzter Zugriff 24.04.2024. <https://arthist.net/archive/20096>.

^