CFP 29.11.2018

Esse, Issue No. 97, 2019: Appropriation

Eingabeschluss : 01.04.2019
esse.ca/en

Sylvette Babin, Les éditions esse

Le français suivra:

APPROPRIATION

Contemporary art practices are constantly going outside the field of art to appropriate the codes, gestures, and mechanisms of other social and cultural spheres. In this issue, we wish to examine this expansion and the resulting borrowing, to consider different forms of appropriation in art: gestural, technical, political, economic, affective, ritual, etc. In an era where social media circulates signs at an accelerated rate, we tend to believe that the images disseminated in the public space belong to us all. Having entered a phase of “postproduction” (Nicolas Bourriaud), artistic creation cannot avoid this system of widespread recycling and exchange. The artist today is similar to a DJ composing with samples, more so than to a demiurge constantly creating new forms. The practice of appropriation, which is at the centre of many contemporary and current art movements (readymade, appropriationism, re-enactment, etc.), asks important questions about how we define work and artistic originality, as well as about authorship and copyright. Some of these questions are resolved in court (Richard Prince vs. Patrick Cariou, Jeff Koons vs. Jean-François Bauret), while others examine the boundaries of the art field itself (the exhibition Bootleg by Québécois artist Boyle-Singfield or Kendell Geers’s reaction to Kader Attia’s plagiarism lawsuit filed against rappers Dosseh and Nekfeu).

Appropriation also involves the question of social responsibility with regards to artists and curators, particularly in recent debates around cultural appropriation. At a time of “the ethical turn of aesthetics” (Jacques Rancière), it is striking that the artists who have been criticized, rightly or wrongly, for carrying out a form of cultural appropriation, do not present themselves as adversaries but as allies of the cultures that they put on centre stage. Thanks to the “imagination” and “universal power” of art, such artists wish to make the greatest number of people aware of the injustices and suffering experienced by these marginalized groups. In turn, when these artists are questioned on the “ethics” of their engagement by representatives of these cultural groups or others, they feel it as a form of silencing.

We can see that challenges regarding appropriation—whether the appropriation is cultural or otherwise—are very often considered forms of censorship by the artists who experience them. Is this an acceptable argument with respect to the history of censorship and the sentences that some artists have received recently in authoritarian regimes (Pussy Riot, Oleg Sentsov, etc.)? Does the artists’ ethical commitment indemnify them against all forms of criticism? Is the autonomy of art and fiction the last bastion of artistic freedom against societal injunctions? Evoking Adorno’s defense of art’s autonomy, these questions are rarely addressed in considerations of art and politics and deserve to be newly examined. In any case, the aim of this issue is to take some distance from the polarization of the controversies so as to try to better understand what those show us about current artistic creation at the aesthetic, ethical, and political levels.

Esse arts + opinions invites writers and artists to propose essays that focus on questions of appropriation. How does the widespread practice of appropriation transform the artistic gesture? Are notions of authorship, work, artistic originality still relevant given the different forms of appropriation? Should copyright be amended to take into account appropriation as a creative gesture? How do artists who feel they are free to appropriate all forms and cultures justify themselves? What are the responsibilities of artists who work with appropriation? Is it possible to claim that cultural appropriation does not exist because cultures belong to everyone? Does all criticism of artistic appropriation come down to censorship? How does appropriation transform the relationship between art and politics? How can appropriation, as an artistic strategy, help to dismantle oppressive systems?
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Esse arts + opinions is a bilingual magazine focused mainly on contemporary art and multidisciplinary practices. Specializing in essays on issues in art today, the magazine publishes critical analyses that address art in relation to its context. Each issue contains a thematic section, portfolios of artworks, articles critiquing the international culture scene, and reviews of exhibitions, events, and publications. The esse.ca platform also offers articles on contemporary art and an archive of previous issues of esse.

Send your text (1,000 - 2,000 words, footnotes included) in US letter format (doc, docx, or rtf) to redactionesse.ca before April 1, 2019. Please include a short biography (35-45 words), an abstract of the text (80-100 words), as well as postal and e-mail addresses. We also welcome submissions (reviews, essays, analyses of contemporary art issues) not related to a particular theme (annual deadlines: September 1, January 10, and April 1). An acknowledgement of receipt will be sent within 7 days of the deadline. If you have not been notified, please contact us to ensure your text has been received.
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APPROPRIATIONS

Les pratiques artistiques actuelles ne cessent de déborder le champ des arts pour s’approprier des codes, des gestes, des dispositifs issus des autres sphères sociales et culturelles. C’est cet élargissement, et les emprunts qui en découlent, que nous souhaiterions questionner dans ce dossier qui propose de réfléchir sur les différentes formes d’appropriation en art : appropriations gestuelles, techniques, politiques, économiques, affectives, rituelles, etc. Par ailleurs, à une époque où les médias sociaux font circuler les signes de façon accélérée, il est tentant de croire que les images diffusées dans l’espace public appartiennent à toutes et à tous. La création artistique, qui est entrée dans une phase de « postproduction » (Nicolas Bourriaud), n’échappe pas à ce système de recyclage et d’échange généralisé. L’artiste s’apparente beaucoup plus aujourd’hui à un DJ composant à partir d’échantillonnages qu’à un démiurge lancé dans la création incessante de nouvelles formes. La pratique de l’appropriation, qui est au cœur de nombreux mouvements de l’art contemporain et de l’art actuel (ready-made, appropriationnisme, reenactment…), pose ainsi d’importantes questions sur la définition de l’œuvre et l’originalité artistique, sur le statut et le droit d’auteur. Certaines d’entre elles sont tranchées par les tribunaux (Richard Prince vs Patrick Cariou, Jeff Koons vs Jean-François Bauret) et d’autres questionnent durablement le champ de l’art (l’exposition Bootleg de l’artiste québécois John Boyle-Singfield ou encore la réaction de Kendell Geers à la poursuite pour plagiat de Kader Attia contre les rappeurs Dosseh et Nekfeu).

L’appropriation pose également la question de la responsabilité sociale des artistes et des commissaires, comme l’ont bien mis en évidence les récents débats autour de l’appropriation culturelle. À l’ère « du tournant éthique de l’esthétique » (Jacques Rancière), il est remarquable que tous les artistes auxquels on a reproché, à tort ou à raison, d’effectuer une forme d’appropriation culturelle, ne se présentent pas comme des adversaires, mais comme des alliés des cultures qu’ils mettent en scène. Grâce à l’ « imagination » et au « pouvoir universel » de l’art, ces artistes souhaitent sensibiliser le plus grand nombre aux injustices et aux souffrances subies par ces groupes marginalisés. En retour, toute forme de questionnement face à la dimension « éthique » de leur engagement, y compris par les représentants des cultures qu’ils mettent en scène, est vécue par eux comme une forme de musellement.

On note en effet que les remises en cause des appropriations, qu’elles soient culturelles ou non, sont très souvent assimilées à des formes de censure par les artistes qui les subissent. Est-ce que cet argument est recevable en regard de l’histoire de la censure et des condamnations qui frappent actuellement certain.e.s artistes dans les régimes autoritaires (Pussy Riot, Oleg Sentsov…) ? Est-ce que l’engagement éthique des artistes les prémunit contre toute forme de critique ? Est-ce que l’autonomie de l’art et de la fiction est le dernier rempart de la liberté artistique face aux injonctions sociétales ? Ces questions, qui ne sont pas sans évoquer la défense de l’autonomie de l’art par Adorno, sont peu abordées aujourd’hui dans les réflexions sur l’art et la politique et mériteraient d’être examinées à nouveaux frais. Dans tous les cas, l’objectif de ce numéro sera de prendre une certaine distance par rapport à la polarisation des controverses afin d’essayer de mieux comprendre ce qu’elles nous révèlent de la création actuelle à la fois au niveau esthétique, éthique et politique.

Esse arts + opinions invite auteur.e.s et artistes à proposer des textes autour de ces questions liées aux appropriations. En quoi la pratique généralisée de l’appropriation transforme le geste artistique ? Est-ce que les notions d’auteur, d’œuvre, d’originalité artistique sont encore pertinentes face aux différentes formes d’appropriation ? Est-ce que le droit d’auteur doit s’adapter pour tenir compte de l’appropriation comme geste créateur ? Comment se justifient les artistes qui se disent libres de s’approprier toutes les formes et toutes les cultures ? Quelles sont les responsabilités des artistes travaillant avec l'appropriation ? Est-ce qu’il est possible d’affirmer que l’appropriation culturelle n’existe parce que les cultures appartiennent à toutes et à tous ? Est-ce que toute critique de l’appropriation artistique s’apparente à de la censure ? En quoi les appropriations transforment les rapports entre l’art et la politique ? Comment l'appropriation, en tant que stratégie artistique, peut démanteler les systèmes oppressifs ?

Les textes proposés (de 1 000 à 2 000 mots maximum, notes incluses) peuvent être envoyés en format lettre US (.doc, .docx ou .rtf) à redactionesse.ca avant le 1er avril 2019. Veuillez inclure, à même le texte, une courte notice biographique (30-50 mots), un résumé du texte (80-100 mots), ainsi que votre adresse courriel et postale. Les propositions non afférentes aux dossiers (critiques, essais et analyses sur différents sujets en art actuel) sont aussi les bienvenues (dates de tombée : 1er septembre, 10 janvier et 1er avril de chaque année). Un accusé de réception sera envoyé dans les 7 jours suivant la date de tombée. Si vous ne l’avez pas reçu, nous vous invitons à communiquer avec nous pour vérifier la réception de votre texte.

Quellennachweis:
CFP: Esse, Issue No. 97, 2019: Appropriation. In: ArtHist.net, 29.11.2018. Letzter Zugriff 28.03.2024. <https://arthist.net/archive/19650>.

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